3 times and you lose - Histoires de Sexe

3 times and you lose

... convulsivement ses doigts. Il me fit un sourire contrit.

— Excuse-moi ma Chu, me dit-il à voix basse. Je peux entrer ? On va réveiller les voisins.

Je lui lançai un regard peu amène. Derrière les verres de ses lunettes carrées, les yeux de mon ami m’envoyaient des signaux de détresse assez particuliers. Je me sentis vaguement mal à l’aise.

— Les voisins de l’étage sont en vacances Jem, ne sois pas bête ! répliquai-je assez sèchement. Pourquoi est-ce que tu crois que je parle si fort ? Les chambres de bonne sont désertées, l’été.
— Ah, bon, fit-il piteusement.

Il y eut un court silence.

— Tu n’es pas beaucoup vêtue, me fit-il remarquer, soudain.

Une tempête se leva en moi, avec quatre trains de retard. Je croisai les bras sur ma poitrine, pour tenter de la dissimuler, tant bien que mal.

— Jem, je voudrais que tu t’en ailles, lui avouai-je avec franchise.
— Tu es sûre ? répondit-il avec une grimace.
— Oui. Honnêtement, je te trouve assez gonflé de venir comme ça si tôt le matin…
— Oui mais…
— Qu’est-ce que tu veux, d’ailleurs ?
— Heu, je m’inquiétais…
— Hein ?
— Ben, tu m’as pas répondu hier et…
— J’étais avec Vincent.

Il baissa les yeux, et enfila les mains dans ses poches.

— Oui, je m’en suis douté… dit-il doucement.
— Si tu t’en es douté, de quoi tu t’inquiétais ? Franchement, heureusement que tu es mon meilleur ami, je te trouve vraiment… je veux dire, attendre je ne sais quoi comme ça, derrière ma porte, merde, c’est bizarre, pourquoi ...

... t’as fait ça ? Tu m’as fait vachement flipper.
— Je n’aime pas Vincent, objecta-t-il, toujours aussi doucement.

Son regard me fit fondre de remords.

— Oui bon, OK. Je sais que tu t’inquiètes pour moi et mon petit cœur brisé, mais tout va bien, on s’est remis ensemble, Vincent et moi.

Jérémy ne parut pas franchement enthousiaste. Je fis la grimace. À la vérité, il aurait été plus content si on lui avait annoncé que sa grand-mère avait besoin de couches urinaires.

— Merde, Jem, répétai-je, plus mollement. T’es flippant quand tu veux. On en reparle dans la journée, d’accord ? Je vais me recoucher.

Jérémy fit mine de jeter un œil par-dessus mon épaule. Je ne l’en empêchai pas.

— Il est parti, annonçai-je avec lassitude, devinant sa question muette. Sois pas jaloux, on reste les meilleurs amis du monde, toi et moi.
— Ouais, concéda-t-il en hochant la tête, t’as raison. Je sais, je sais, je suis lourd. Bon, j’y vais. Appelle-moi.
— Pas de souci. Jem ! le rappelai-je comme il tournait les talons.

Il me regarda. Je le pris dans mes bras et lui fis un gros câlin, un brin maladroit. Puis je le relâchai, souriant :

— T’es un chou, tu sais. Merci de prendre soin de moi.

Il ne répondit rien, je le sentis gêné, mais il opina, sourit, et me laissa retourner à ma couche douillette.

* * *

J’étais pas plus fraîche deux heures après, mais au moins j’avais eu mon content de sommeil. En prenant mon petit-déjeuner, je me suis mise à réfléchir. C’est pas nouveau, ...