1. « 50 nuances » et dérivés : une revendication paritaire ?


    Datte: 15/12/2018, Catégories: méthode, nonéro, Auteur: Fredelatorsion, Source: Revebebe

    ... bon ? Nan, c’est un joke, vous blaguez, là ? »
    
    À vrai dire, on se heurte ici à un fond d’extrême naïveté qui ne manquera pas de déconcerter tout (e) praticien (ne) averti (e).
    
    Deuxième remarque : comme le disait Anaïs Nin, les traitements de l’érotisme au masculin et au féminin relèvent de deux conceptions différentes. Non que les hommes ne puissent trouver motivantes les scènes d’action imaginées par ces dames. Mais aux hommes il manque toute une dimension visuelle qui, apparemment, ne manque pas aux femmes, en l’occurrence très sensitives.
    
    Nous savons que ces hommes sont beaux, elles nous le disent assez. Qu’est-ce au juste qu’un bel homme pour une femme-auteur ? C’est un type assez grand, avec de beaux yeux bleus dans un beau visage, sportif, musclé mais mince, avec un corps sculpté. Le problème est que juste à côté de lui il y a les mêmes bonshommes, faits pareils. Si lui est si beau, c’est donc pour d’autres motifs que sa beauté objective. Attention, ici on s’aventure sur le territoire des filles, je n’irai pas plus loin pour ne pas dire de bêtises.
    
    Les femmes qui les affrontent sont-elles belles ? On en sait encore moins à leur sujet. En fait on n’en sait pas assez, les lecteurs restant sur leur faim. À eux il manque les lignes, les contours, les formes, les volumes, le mouvement et la vibration de la chair, sa consistance au toucher. C’est tout un univers sensuel qui fait défaut à leur bonheur… et à leur excitation.
    
    Eva Tramell est une petite blonde ...
    ... qui fait parfois allusion à ses formes, sans qu’on en sache davantage. Devon Reid semble avoir des seins, des fesses, mais aussi un ventre… douillet. Quant à Anastasia Stelle, on ne sait pas grand-chose ; elle est très mince, et d’autant plus que tout changement émotionnel, négatif ou positif, lui coupe l’appétit ; en fait, elle vit de fort peu, ce qui inquiète Grey. Mais elle me semble plus relever d’un type« girl next door » que d’une beauté exceptionnelle.« Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ? » interrogent les concurrentes. Probablement rien ; il la trouve belle, mais il en tombe amoureux parce que c’est elle, un point c’est tout.
    
    Troisième remarque : les femmes font intervenir leur vagin dans l’affaire. Elles parlent ouvertement des sensations qu’il leur renvoie, ce qui est logique et fort agréable à lire. Elles parlent ouvertement des bouleversements et des spasmes qui travaillent leur bas-ventre dès qu’elles approchent du héros ; c’est nouveau et c’est, je trouve, une réussite.
    
    Le vagin a toujours été traité comme ce qu’il était : un organe fonctionnel et discret. Jusqu’ici, la littérature érotique s’était fort peu intéressée à ce bijou de haute technologie. Car enfin, voici un organe juste sensible ce qu’il faut – s’il l’était trop, il deviendrait vite douloureux – qui est toujours prêt à l’usage, qui s’adapte à tout ce qui peut humainement le pénétrer, qui renvoie des sensations délicieuses à celui qui s’en sert et qui est d’une robustesse telle que, décemment ...
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