1. « 50 nuances » et dérivés : une revendication paritaire ?


    Datte: 15/12/2018, Catégories: méthode, nonéro, Auteur: Fredelatorsion, Source: Revebebe

    ... couples finissaient par exploser et se reformaient autrement, parfois dans la même rue ; un personnage au moins, un homme je crois, se retrouvait seul.
    
    Pendant longtemps, les passages de cul de « Couples » demeurèrent des références et défrayèrent la chronique puritaine. Que les femmes ne viennent donc pas dire que l’érotisme masculin est imperméable aux sentiments.
    
    La différence avec ce qui nous arrive actuellement d’Angleterre ou d’Amérique, c’est que « Couples » était un livre terrible, un roman noir, alors que les séries de ces dames baignent dans le drame mais s’achèvent toujours dans l’optimisme. Pourquoi ? Parce qu’à force d’énergie, de courage, de ténacité, de fierté, d’intelligence, de sagacité, de talent, de puissance sexuelle et de tendresse, les héroïnes surdouées (à quoi bon les traiter avec modestie quand on les voit parées de toutes les qualités ?) finissent par remporter le match en obtenant, en gros à leurs conditions, ce qu’elles voulaient depuis le début.
    
    Mais pour identifier et mettre en lumière le positionnement politique de ces ouvrages, tous pénétrés de la supériorité foncière de la femme sur l’homme et fondés sur le triomphe du «female power », sans doute convient-il d’établir leur mode de fonctionnement en examinant la façon dont ils sont conçus et fabriqués.
    
    Quelles sont donc les lois de composition interne de tous ces livres ? Et je parle ici de « 50 Nuances de Grey » (E. L. James), de « Crossfire » (Sylvia Day), de « Prête à ...
    ... succomber » (Lauren Jameson). La série des « Beautiful bastards (et autres) » (Christina Lauren) se démarque un peu, revendiquant une certaine originalité par rapport au cahier des charges.
    
    Car il y a bel et bien un cahier des charges : la rencontre entre un jeune milliardaire, beau, sombre, pathologiquement autoritaire et une jolie oie blanche, socialement inférieure et sexuellement inexpérimentée (ou conformiste, ça revient au même) mais jalouse de son indépendance, va faire des étincelles.
    
    Article 1 – Le roman n’a qu’un seul sujet, une seule intrigue, un seul contenu : la constitution d’un couple. Je le dis de façon tout à fait technique, sans aucune ironie bien ou mal placée : sur ce plan, il a tout à voir avec une littérature qui, dans les trains, sur les plages, lors des longues soirées d’hiver, au dodo pour s’endormir, relaxe agréablement l’esprit des femmes.
    
    Il faut d’ailleurs avouer que cette production a beaucoup évolué et que ses collections offrent aux affaires de cœur un éventail de situations où chaque lectrice peut reconnaître son parcours d’élection. Poursuivons donc avec la dernière évolution en date.
    
    Article 2 – En conséquence logique de l’article 1, les aventures ou mésaventures relationnelles et sexuelles du futur couple ne concernent que lui. Dès le départ, on écarte de façon définitive la possibilité de mêler quelqu’un d’autre aux ébats et aux débats, il n’y aura ni triolisme, ni fête coquine, tout va se passer entre cette homme et cette femme. Le ...
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