« 50 nuances » et dérivés : une revendication paritaire ?
Datte: 15/12/2018,
Catégories:
méthode,
nonéro,
Auteur: Fredelatorsion, Source: Revebebe
Au cours des dernières années s’est imposé sur le marché un modèle de littérature au féminin qui nous arrive d’Anglo-Saxonnie et met en scène des couples actifs, libidineux et plutôt perturbés. Qu’y a-t-il de nouveau ? Pourquoi un tel succès ? Il y a longtemps que les femmes écrivent, y compris des ouvrages érotiques. Elles se révèlent d’ailleurs douées pour l’exercice.
Anaïs Nin expliquait très bien pourquoi, il y aura de cela bientôt 80 ans (mon Dieu, comme le temps passe…) : les hommes se satisfont d’une pornographie qui décrit des organes en fonctionnement, les femmes allument l’érotisme au feu du sentiment, des conflits, des relations entre les êtres, voire elles l’éclairent à la lueur de la poésie. Au bout d’un moment, l’auteure de « Venus erotica » dit franchement à son commanditaire le nul qu’il est – il ne veut que du sexestricto sensu – et l’envoie proprement chier, il n’y a pas d’autre mot. Fin du livre.
Fin aussi d’une énième tentative d’entente entre les sexes, concernant le désir et ses différents modes de satisfaction. L’accord parfait paraît toujours aussi compromis et pour se rencontrer dans un semblant d’harmonie, il faut nécessairement que l’homme ou la femme renonce, au nom du bonheur de l’autre, à quelque chose qui ferait son propre bonheur. Le plus souvent c’est la femme qui renonce ; pas du tout par esprit de sacrifice ou de soumission, mais au nom d’un mécanisme économique.
Selon Anaïs Nin, ce que veut la femme pour faire naître et assouvir ...
... son désir sexuel est complexe et ressortit à un univers relationnel, par définition difficile à manipuler. Je pense que la nature choisit toujours la voie la plus directe et la plus aisée pour parvenir à ses fins et ce que veut l’homme est beaucoup plus rapide et simple ; simpliste même. Or dans les années 30 l’auteure en faisait déjà le constat, hommes et femmes parviennent plus aisément à se faire jouir les uns les autres qu’à définir ce qui, au juste, leur donne envie de jouir. Elle en tire la conclusion que les érotismes féminin et masculin sont incompatibles. Inutile de dire qu’elle préfère être une femme !
Elle n’avait certes pas tort, mais pas entièrement raison non plus. Je me souviens de « Couples » un livre de John Updike qui fit scandale il y a une bonne quarantaine d’années. Au bout de tout ce temps j’ai oublié les détails, mais l’auteur y décrivait la vie d’une dizaine de couples américains provenant de la classe moyenne et qui finissaient pas se livrer à des ébats communautaires. Avec l’amusement arrivaient les problèmes et les drames : femmes ayant plus de succès que d’autres, celles qui affichaient le plus de goût pour le sexe collectif n’étant pas forcément celles qui étaient les plus désirées ; femmes d’abord réticentes appréciant peu à peu de passer de mains en mains (façon de parler) ou ne s’y faisant décidément pas ; hommes se découvrant tout à coup pour leurs femmes une passion qui les inclinaient à l’exclusivité (Aïe, un peu tard…). La plupart de ces ...