1. « 50 nuances » et dérivés : une revendication paritaire ?


    Datte: 15/12/2018, Catégories: méthode, nonéro, Auteur: Fredelatorsion, Source: Revebebe

    ... par l’homme, de l’amour que lui porte la femme, comme une charge inutile et encombrante. Oui, qu’est-ce qu’on a à faire de son amour, tant qu’on peut l’attacher à un poteau avec des menottes ? Eh bien ça ne marche pas.
    
    Dans « Prête à succomber », Devon Reid évalue très justement la situation : « L’amour est un cadeau, surtout quand on ne demande pas la réciproque ; on ne refuse pas un cadeau. C’est à ce moment précis qu’elle renonce à lui parce qu’au fond, si c’est comme ça, s’il est comme ça, il n’en vaut pas la peine, elle vaut mieux que lui et saura trouvera mieux pour nidifier. Elle le quitte donc, mal gré qu’elle en ait, et la constitution du couple paraît se diriger vers l’échec total ».
    
    Heureusement la romancière veille et fait intervenir le chef de service, une femme d’expérience, bougonne mais tendre : « Montrez-lui tout ce qu’il va perdre ! »
    
    Article 7 – Il apparaît enfin que, en dépit des conditions de domination sociale et sexuelle auxquelles les hommes de ces romans contraignent les femmes (mais on est en plein dans Reich, là !) ces dernières finissent par vaincre l’adversité en maîtrisant un mâle peu enclin au compromis, psychotique, doté d’un pouvoir supérieur, qu’elles vont pourtant ramener au statut d’amoureux conventionnel.
    
    Comment ? Grâce aux qualités dont elles font preuve : ténacité, courage physique, force d’âme, autant de prouesses sexuelles qu’il est nécessaire et un cœur gros comme ça. Bref, ces dames ont tout pour elles. D’un bout à ...
    ... l’autre, elles mènent leur affaire grand train et avec un talent digne de leur obstination. Les hommes, persuadés de tout contrôler avec leurs joujoux à douleur et autres pathétiques fariboles esclavagistes, se font gentiment balader et à leur insu, laissent qu’on traite leur problème à leur place.
    
    Oh, bien sûr, il y a çà et là quelques défauts dans la cuirasse. Lorsqu’Eva Tramell qui, pour une fois, ne comprend strictement rien à ce qui se passe, largue son Gédéon par jalousie, alors qu’il est d’une fidélité exemplaire et qu’il est en train de lui sauver la mise, on mesure quand même ses limites, toute femme qu’elle soit. Elle a des excuses aussi, car il calcule si bien son coup (et avec un tel cynisme) que même le FBI se laisse abuser. Soit, j’en conviens, mais pourquoi refuse-t-elle d’office à Gédéon la confiance qu’il lui demande ? Lorsqu’Anastasia Steele sort toute seule, sans rien dire, au nom de son droit à gérer sa vie, pour aller à la rencontre d’un ex, on l’achèterait bien pour lui donner des gifles.
    
    Mais en réalité ces passages ne sont pas significatifs, les auteures ne les mettent en place que pour ménager un suspense. Leur utilité est purement littéraire.
    
    Il y aurait tout de même quelques retours de flamme – extrêmement rares – où la masculinité, si vaniteuse, fragile et inconsistante sur le fond – quand elle n’est pas nuisible – se trouve valorisée : Eva Tramell passe près de finir dans un bordel de la mafia russe. Si Gédéon ne s’occupait pas personnellement ...
«12...456...11»