Ballade pour un Fossoyeur
Datte: 10/02/2018,
Catégories:
vengeance,
nonéro,
mélo,
Humour
policier,
fantastiqu,
roadmovie,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... de ne pas être trop prévisible, d’avoir le moins d’habitudes possible, il lui arrivait parfois de laisser parler son cœur.
La chambre était accueillante. La pute aussi.
Une fois bien relaxé, Klaus renvoya la demoiselle avec un bon pourboire. Demain, il avait un long parcours à faire, avant d’arriver à Harrisburg en Pennsylvanie. Et cette fois-ci, il ne prendrait personne en stop. Il fallait être raisonnable, le travail avant le plaisir.
Le dimanche matin, il se leva tôt, refit encore une fois le plein de sa voiture, ce tank qui n’avait jamais entendu parler des accords de Kyoto, et mit les bouts. Les kilomètres se succédèrent sans surprise, les paysages changèrent imperceptiblement et Klaus ne tua personne. C’était le jour du Seigneur, tout de même.
À son arrivée à Harrisburg, Klaus connut la première vraie contrariété de ce road trip sauvage. Tous les motels dans lesquels il descendait d’habitude étaient complets. On lui expliqua gentiment qu’il y avait une convention nationale exceptionnelle, sur le réchauffement climatique.
Klaus n’en avait rien à foutre. Le vrai scandale, c’était l’augmentation du prix de l’essence à la pompe. Si ça continuait comme ça, il n’aurait bientôt plus les moyens de tuer en dehors du Tennessee. « Ça a servi à quoi, bordel, qu’on aille foutre sur la tronche aux Iraquiens ?! » s’exclama-t-il rageusement.
C’est sûr, il allait voter O’bamma…
Il tourna un bon moment dans les rues désertes de ce patelin abandonné de Dieu. ...
... Sans succès. Les « No Vacancy » au rouge criard s’alignaient à perte de vue. Il décida de pousser un peu plus sur sa route… Ça ne lui ferait pas de mal d’arriver tôt à Salem, le lendemain.
La nuit était noire. Il faisait frais. Klaus avait faim. Il regretta de ne pas s’être arrêté manger un bout dans un Dinners quelconque. Ses phares n’éclairaient rien d’autre que des bandes blanches, aussitôt happées par un océan d’obscurité. Trente kilomètres solitaires, sur une Interstate vide, ça paraît long…
Alors qu’il envisageait de se garer sur une route secondaire pour roupiller dans la Cadillac, il aperçut une vieille enseigne au néon, qui lui grésilla un message lui allant droit au cœur. Et à l’estomac :
Nancy’s - Les meilleurs travers de porc de la région.
Et en dessous, un mirage vert pâle :
Vacancy
Klaus prit l’embranchement, saluant sa veine d’un pet sonore. Fallait vraiment qu’il s’occupe de l’échappement vétuste de sa Deville…
Dans une embardée de poussière, il gara son tacot quelque cent mètres plus loin. C’était pas la grosse foule ; il n’y avait qu’une seule autre voiture, sur le petit parking de terre battue, et elle était aussi défraîchie que la devanture minable du « Motel de Nancy ». Klaus était prêt à parier que ce n’était pas celle d’un client.
L’image d’une assiette fumante traversa son esprit fatigué. Ce fut suffisant pour le motiver à ouvrir sa portière et à prendre une piaule dans ce bouge. Un peu d’imprévu, après tout, c’était pas la ...