1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 27/09/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... comme tu faisais pendant les cours… tu ne repartirais pas… » il se paie ma tête une fois de plus, pendant qu’il range les câbles de démarrage.
    
    « J’ai eu mon permis depuis… ».
    
    « On se demande comment… ».
    
    « C’est clair, avec un instructeur aussi naze… ».
    
    « Allez, casse-toi et fais gaffe sur la route ! ».
    
    « Merci pour tout Julien… ».
    
    « Merci de quoi ? C’est à ça que servent les amis ! ».
    
    « Alors merci d’être mon ami ! ».
    
    « Tu es un bon gars, Nico… ».
    
    « Toi aussi tu es en bon gars… ».
    
    « Non, moi je suis une bombasse… ».
    
    « Aussi… » j’admets sans difficulté.
    
    Julien me prend dans ses bras, il me serre contre lui. Lorsqu’il relâche son accolade, je le sens touché ; moi aussi je suis touché.
    
    « J’y vais, alors… ».
    
    « Attends une seconde… ».
    
    Le boblond plonge dans la voiture, il trifouille dans le vide poches ; un instant plus tard, il en ressort avec une petite bouteille de parfum à la main, il s’approche de moi et il m’asperge plusieurs fois dans le cou.
    
    « C’est quoi ça ? » je feins de m’étonner, en reconnaissant illico la fragrance de bogoss qui a failli m’étourdir à chaque fois dans le petit espace de l’habitacle pendant les cours de conduite. Ah, putain, qu’est-ce que ça sent bon son parfum !
    
    « C’est ton assurance-baise…» il me balance, tout en approchant le nez de mon cou ; avant de continuer, railleur : « hummmmm… tu sens bon… comment il va te démonter le gars ! ».
    
    « Mais la ferme ! ».
    
    « Tu m’en donneras des nouvelles ! ...
    ... ».
    
    « Tu m’énerves… ».
    
    « Allez, file, Nico ! » il lâche, en m’adressant un petit clin d’œil en guise d’encouragement.
    
    Lorsque je « décolle », il est 15h45 ; je viens de quitter ma rue pour affronter un voyage somme toute assez long, sous un pluie battante, vers une destination que je ne connais pas ; je viens de quitter Julien et sa présence rassurante : je n’ai pas encore quitté la ville que je suis à nouveau assailli par l’angoisse, le doute, la peur ; je ressens à la fois l’envie d’appuyer sur un bouton pour arriver à destination dans la seconde et la peur au ventre d’y être trop vite.
    
    Comme tous les vendredi en fin d’après-midi, il y a de la circulation en ville, et également sur le périphérique ; la pluie ralentit encore le mouvement : résultat de courses, je ne serai jamais à Campan à 18h00 ; si tout va bien, j’aurai au moins une demi-heure de retard.
    
    Je profite de l’arrêt à un feu rouge pour tenter d’appeler Jérém une nouvelle fois, mais je tombe à nouveau sur son répondeur ; rien que le fait d’entendre sa voix enregistrée me fait frissonner. Qu’est-ce que ça va être de me retrouver devant lui !
    
    Je retente au feu suivant, et au suivant encore, puis lorsque je suis dans la file d’attente au péage de Muret : et je retombe toujours et encore sur son répondeur.
    
    A hauteur de Cazères, après une dizaine de tentatives, je me dis que je ne vais jamais pouvoir le joindre : je me dis également que, s’il le faut, j’arriverai trop tard, lorsqu’il sera déjà parti, et ...
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