1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 27/09/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... que je vais faire toute cette route sous la pluie pour rien. Mais désormais je suis parti, et je ne peux plus faire marche arrière.
    
    Je prends sur moi et je continue à rouler ; je viens de passer le péage et je repense au coup de fil de Jérém de la veille, au frisson inouï qui m’a foudroyé lorsque j’ai vu son numéro s’afficher sur mon portable.
    
    Jamais je n’aurais imaginé qu’il fasse ce pas ; jamais je n’aurais imaginé entendre à nouveau sa voix, cette vibration sensuelle et virile. Et encore moins, j’aurais cru que cette voix, d’habitude si assurée, puisse être traversée par une sorte d’hésitation, presque un malaise : comme s’il avait vraiment pris conscience de s’être mal comporté avec moi, comme s’il avait peur que ça puisse être « trop tard » pour rattraper le coup, comme s’il craignait que je l’envoie balader.
    
    « Je voulais savoir comment tu allais… ».
    
    Je n’ai pas été commode avec lui, je suis resté tout le temps sur la défensive : pourtant, ça m’a pas drôlement fait plaisir de l’entendre demander de mes nouvelles.
    
    Le mauvais temps rend la circulation difficile : la pluie tombe à seau, et le vent s’en mêle lui aussi ; l’eau réduit la visibilité, les rafales me surprennent, me déstabilisent ; je roule doucement, vraiment doucement, je ne quitte pas la voie de droite ; tout le monde me double, y compris les poids lourds ; ces derniers projettent d’importantes quantités d’eau, ce qui rend la conduite encore plus pénible ; ils provoquent également des appels ...
    ... d’air qui se combinent avec le vent et semblent aspirer ma voiture ; j’ai du mal à garder le contrôle du volant, j’ai l’impression de déraper, c’est stressant, c’est fatiguant.
    
    Je ne peux pas continuer à rouler comme ça, la peur au ventre : alors, même si je sais que ça va me mettre encore plus en retard, tant pis, je vais quitter l’autoroute.
    
    La sortie de Martres Tolosane ne tarde pas à se dresser devant mes yeux. Je l’emprunte et je m’arrête sur le bas-côté pour regarder mon plan. Verdict : il faut suivre la direction St Gaudens.
    
    J’ai toujours autant de mal à me dire que je suis en train de rouler pour aller voir mon Jérém. Son coup de fil, son invitation, mon départ, tout arrive si vite. C’est tellement inespéré, tellement soudain ; alors que je m’étais tellement fait à l’idée que je ne le reverrai jamais !
    
    Et à chaque fois que j’essaie d’imaginer nos retrouvailles de plus en plus proches, un frisson géant surgit de mon ventre, se propage dans mon corps, sur ma peau toute entière ; tout mon être frémit, des pieds jusqu’au cuir chevelu, tous mes poils se dressent.
    
    J’arrive à Martres Tolosane depuis l’autoroute et je rentre directement sur son « périphérique intérieur » : en effet, le village n’est pas structuré le long d’un axe principal, mais plutôt en forme de bastide circulaire ; l’« hypercentre », avec son église et ses vieilles bâtisses, constitue une sorte d’immense rond-point situé à l’intérieur de la boucle de circulation.
    
    A partir de cette dernière, ...
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