JN0203 Une route longue et sinueuse.
Datte: 27/09/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... à ta porte.
L’instant « T » approche à grand pas, tout se bouscule dans ma tête, je n’arrive plus à me focaliser sur quoique ce soit, et encore moins à me fixer sur l’attitude à adopter vis-à-vis de Jérém : désormais il n’est plus temps de prendre des résolutions.
Alors, ma seule « résolution », ce sera celle de me laisser porter par les évènements, d’écouter ce qu’il a à me dire et de me comporter en fonction ; inutile de prévoir ce que je vais lui dire, ou de me fixer une attitude plutôt qu’une autre ; inutile d’envisager qu’il va se comporter de telle ou telle façon, qu’il va dire ceci ou cela : de toute façon, rien ne se passera comme je pourrais l’imaginer. Et surtout pas avec Jérém. Et, au fond, c’est bien ainsi : c’est cet inconnu qui fait battre si fort mon cœur : ça fait mal parfois, mais ça me fait me sentir tellement, tellement, tellement vivant.
« CAMPAN ».
Lorsque le panneau d’entrée d’agglomération rentre dans mon champ de vision, les six lettres me percutent comme une gifle puissante : je ressens une intense chaleur se propager dans mon ventre, tout se brouille dans ma tête, j’ai l’impression de planer.
Le ciel lourd se combine à merveille avec les nuances de gris de la pierre des murs, de l’ardoise des toitures pentues ; je suis sous le charme de cet environnement tout en pierre et sobriété, de ce paysage comme en « noir et blanc », qui semble tout droit sorti d’une ancienne carte postale ; le village a l’air d’un bijou posé sur un coussin de ...
... nuages gris, et tout autour de moi semble parler de l’hiver, de journées froides, humides, d’une nature hostile jusqu’au printemps.
Voilà la halle en pierre, avec ses pentes très inclinées couvertes d’ardoises, ses piliers en pierre, ronds et massifs mais pas très hauts, empêchant la lumière de pénétrer à l’intérieur, notamment par une journée aussi grise ; je ralentis, et je regarde vite fait si je vois mon Jérém quelque part dans la pénombre, mais je ne vois rien. Pourvu qu’il soit encore là.
Je m’engage dans le petit boulevard juste en face, là où il semble y avoir des parkings.
18h38. Presque 40 minutes de retard. Je sors de la voiture sans attendre, alors qu’il tombe toujours des cordes. Pourvu qu’il ne soit pas déjà reparti ! Car, s’il n’est plus là, et comme je n’arrive pas à le joindre, je vais devoir le retrouver : non, je ne repartirai pas à Toulouse sans l’avoir vu, ou sans avoir retourné le village tout entier pour le débusquer.
Je remonte le petit boulevard, je me hâte en direction de la halle en pierre : je me « hâte » comme je peux, alors que j’ai les jambes en coton, le souffle coupé, le cœur dans la gorge, les mains moites, la tête qui tourne.
Je n’ai plus que la route à traverser pour atteindre mon but : et c’est là que j’aperçois une présence dans la pénombre, une carrure et une attitude de mec qui pourraient bien être les siennes. Je vois un mec de dos, l’épaule appuyée contre le pilier d’angle du bâtiment, habillé d’un pull gris dont la ...