JN0203 Une route longue et sinueuse.
Datte: 27/09/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... oublier ?
Comment ça va se passer cette rencontre ? Je marche vers l’inconnu, et cet inconnu me fait peur.
En sortant de Bagnères, la montagne est là, devant moi, tout autour de moi ; le ciel est très gris, très lourd ; il pleut de façon insistante et l’humidité remonte les pentes sous forme de brouillard, jusqu’à cacher les sommets.
Un panneau routier indique : « Campan 10 km ».
Dix kilomètres, dix minutes. Dans dix minutes, je serai arrivé à destination ; dans dix minutes, je saurai s’il m’a attendu, malgré ma demi-heure de retard : s’il n’est plus là, j’aurai fait toute cette route, longue, sinueuse et difficile, pour rien, une route qui m’a amené de Toulouse à Campan, une route qui démarre le premier jour de lycée et qui me mène ici, dans les Pyrénées, le cœur en vrac.
Mais s’il est là, et j’espère encore et malgré tout qu’il est là, je vais devoir affronter son regard, endurer sa présence, maîtriser les battements de mon cœur qui, je le sens, vont encore s’accélérer, qui vont taper tellement fort dans ma poitrine que j’aurai du mal à tenir debout ; s’il est là, et lorsque je serai devant lui, je vais devoir essayer de maîtriser mes émotions, garder mes moyens, ne pas pleurer, ne pas m’énerver. Et ne pas céder au désir brûlant, à cette envie de lui, de son corps, de son odeur, de sa proximité, de cette sensualité qui va me happer à coup sûr.
Je ne sais pas comment je vais faire, je ressens tellement d’émotions à la fois puissantes et contrastantes ...
... vis-à-vis de ce mec…
Quelle attitude adopter ? Comment me comporter avec lui ? Comment ne pas craquer ?
Un panneau routier indique : « Campan 3 km ».
A l’approche de Campan, je repense au moment où j’ai appris pour son accident, à ces trois jour pendant lesquels j’ai eu la peur de ma vie : la peur qu’il ne se réveille pas, la peur de le perdre, pour toujours ; et quand je pense au soulagement que j’ai ressenti lorsque Thibault m’a annoncé qu’il s’était réveillé de son coma, je me sens prêt à tout lui pardonner ; je crois que de toute façon, rien qu’en le revoyant, je vais fondre.
Je ressens une soudaine et folle envie de le serrer contre moi, de le couvrir de bisous ; je me sens prêt à tout recommencer, à prendre tous les risques ; à lui dire et lui redire clairement qu’il est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie, que je ne peux pas renoncer à le voir, que je ferai tout ce qu’il faut pour continuer à le voir, que j’irai le voir à Paris, que je serai discret, que je ne lui demanderai pas plus qu’il ne peut me donner.
Ma playlist sur cassette accompagne mes pensées, avec l’une des dernières chansons, et certainement l’une des plus poignantes, signées Beatles :
The long and winding road that leads to your door/La longue et sinueuse route qui mène à ta porte
Will never disappear, I've seen that road before/Ne disparaîtra jamais, j'ai déjà vu cette route.
It always leads me here/Elle me conduit toujours ici,
Leads me to your door/Elle me conduit ...