1. Braquage


    Datte: 19/09/2018, Catégories: handicap, nonéro, policier, Auteur: Rain, Source: Revebebe

    ... sur la scène du crime, j’enveloppe les têtes de mes victimes que je charge sur la brouette en ayant pris soin de ramasser tous les copeaux d’os et reliquats de cervelle autour des cadavres, ce qui provoque encore des nausées. Je déshabille les deux salopards, fais un tas de leurs vêtements que je brûlerai plus tard. Je retrouve Émile qui m’aide à balancer ses parents aux cochons après que j’ai enlevéin extremis les serviettes enturbannées autour de leurs visages.
    
    Les cochons font du bon boulot ! C’est à croire qu’ils n’ont rien becté depuis des mois ! Jamais je n’aurais cru que faire disparaître deux corps puisse être aussi simple. Pendant que ses parents se font bouffer par les porcs, Émile me raconte, en toute candeur, les nombreuses atrocités et humiliations qu’il a endurées. Lorsqu’il achève la narration des horreurs qu’il a subies, je lui demande, parfaitement conscient que je profite de sa déficience :
    
    — Émile, je peux piller ta maison ?
    — C’est quoi piller ?
    — Ça veut dire voler.
    — D’accord, finit-il par dire en souriant.
    
    Nous cambriolons la baraque, Émile récupère un poster de Kim Basinger caché sous une latte de plancher et moi, j’en ressors avec le ridicule butin de vingt-sept euros et une tocante qui peut-être ne vaut pas un clou.
    
    Au moment de lui dire au revoir, mon regard rencontre le sien et y lit une profonde mélancolie. Je n’ai pas le cœur à l’abandonner et lui propose de tailler la route avec moi sans la moindre réflexion préalable. Son visage ...
    ... passe quasi instantanément de la tristesse à la joie. Depuis, jours et nuits, nous sommes ensemble, pour le meilleur et pour le pire.
    
    Je m’appelle Cédric, j’aurai bientôt quarante piges. On ne peut pas dire que j’ai eu une enfance difficile. Mes parents, ma seule famille, m’ont toujours donné amour et bonheur, mais sont partis trop tôt dans un accident de voiture alors que je venais d’avoir onze ans. La juge pour enfants m’a placé dans un foyer. Au bout de quelques mois, je me suis retrouvé dans une famille d’accueil avec un couple formidable pour lequel j’ai encore beaucoup d’affection.
    
    À ma majorité, je suis allé à la fac où j’ai rencontré une fille originaire d’Argentine, Salma, qui est tombée enceinte au bout de quelques mois. À la naissance de notre adorable bambin, nous nous sommes installés dans un minable studio à Toulouse, à la Reynerie, dans un quartier réputé difficile.
    
    J’ai dû rapidement abandonner mes études afin de faire vivre ma famille. J’ai très vite trouvé du boulot que j’ai perdu avec la même célérité. J’en ai trouvé un autre, mais la conjoncture économique, la crise, et toutes les conneries qu’on nous débite à la télé ont fait que ces petits emplois ne duraient jamais bien longtemps. Les factures s’accumulaient, notre frigo était un désert qui ne contenait plus que quelques compotes pour notre fils. Salma, qui continuait ses études d’espagnol, se plaignait de plus en plus de la situation dans laquelle nous nous étions mis. Il fallait que je trouve ...
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