Braquage - Histoires de Sexe

Braquage

... pistolet d’une main mal assurée en direction de la femme au survêt. Du coin de l’œil, je m’aperçois que le branleur de La Poste a arrêté de sortir les billets de son tiroir en bois et nous regarde avec un sourire à la con qui me fout les nerfs. Si j’écoutais mes pulsions, je lui rôtirais volontiers la cervelle.

À la place, je me contente de le menacer verbalement :

— Dépêche-toi ducon, fourre les billets (dans quoi d’ailleurs me demande ma petite tête. On n’a même pas pensé à prendre un sac pour y glisser le fric)… Dans un sac. T’as un sac ?
— Oui, réplique-t-il, tout penaud, sans bouger.
— T’attends quoi ? Le déluge ? Bouge ton cul et grouille-toi de remplir le sac de billets.

Il attrape un sac plastique qui pend à une chaise, vide son contenu (un magazine de modélisme et un autre de bricolage) et commence à le remplir de billets.

— Y’ a combien dans ton tiroir ?
— Quelques milliers d’euros.
— Allez, fais vite, on a pas que ça à foutre !

L’homme se hâte de remplir le sac qui est loin d’être plein quand une voix féminine derrière nous hurle :

— Les mains en l’air les rigolos !

J’ignore quel est le bon comportement à adopter et, l’espace d’une fraction de seconde, il me semble que prendre un des deux occupants de La Poste en otage pourrait être une excellente idée. Je jette un regard à Émile pour étudier sa réaction. Il a déjà les mains dans les airs et, avec toute la naïveté qui le caractérise, il se tourne brusquement vers la salope derrière nous :

— Et toi ! Tu te retournes mon grand et tu mets les mains sur la tête.

Il obéit et je fais de même, non sans me convaincre que cela est une mauvaise idée et que nous allons passer une bonne partie de notre temps en cellule au moment où Émile penche sa tête vers moi et me tire de mes réflexions en s’écriant :

— C’est Kim !
— Je t’ai demandé de la fermer ! S’il te plaît, motus et bouche cousue. D’accord ?
— C’est Kim Basinger ! répète Émile.

À suivre