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Braquage
Datte: 19/09/2018, Catégories: handicap, nonéro, policier, Auteur: Rain, Source: Revebebe
... à l’intérieur de ma tête. Il faut que je me tire de ce mauvais pas. Que vais-je faire du corps de ses darons ? Et que vais-je faire d’Émile ? Si je le laisse là, il risque de baver aux poulets. Il ne leur faudra pas longtemps pour parvenir à lui tirer les vers du nez. Même si la mort de ses parents a l’air d’être une délivrance, il est certain qu’il finira par leur parler de moi et lesschtroumpfs seront à mes trousses. Je réfléchis longuement. En vain. Une voix intérieure prend un malin plaisir à me rappeler inlassablement que je suis un meurtrier et que ma vie d’homme libre va bientôt prendre fin. Je commence à tourner en rond derrière la maison et entame un monologue à voix haute : — Putain de merde ! Je suis dans de beaux draps ! Je vais faire quoi de ces ceux-là ? Je suis sur le point de craquer. Des larmes me montent aux yeux. Je suis en train de réellement prendre conscience de la gravité de mon acte. Je suis passé au stade supérieur de la délinquance. D’un seul et unique braquage dans mon palmarès de voyou, je suis passé au stade ultime : le meurtre. — Bordel ! Je suis dans un merdier pas possible. Quel con je suis ! J’aurais pas pu me péter une guibolle en me levant au lieu de foutre ma vie en l’air… — Tu peux les jeter aux cochons, m’explique calmement le géant que j’avais oublié en soliloquant. Un jour, papa a jeté Misty aux cochons. Et il est resté plus rien de Misty. — Misty ? Les cochons ? Mais de quoi tu parles gros malin ? — Misty, c’était ...
... une chatte abandonnée. Je l’avais récupérée sans le dire aux parents. Mais papa l’a vu un soir, dans la grange, avec moi, et il nous a conduits à la porcherie et a balancé mon chat au milieu des cochons. Ils ont dévoré Misty. VIVANTE ! Ces affreux souvenirs font surgir des larmes aux yeux légèrement bridés d’Émile. Ses parents étaient vraiment des enfoirés ! Sur le coup, j’ai l’impression d’être moins mauvais que souhaite me le rappeler ma conscience, ce qui me remonte un peu le moral. Je lui tape sur l’épaule en me mettant sur la pointe des pieds et lui demande : — Et tu pourrais me conduire aux cochons ? — Ouais, suis-moi, me dit-il en me prenant le bras et en me tirant derrière lui comme un vulgaire sac de patates. — Attends ! Dis-moi si l’étable est loin ? — On dit pas étable, c’est mieux de dire soue pour les cochons, m’explique-t-il comme s’il était subitement devenu maître Capello. Voilà que le neuneu se met à m’apprendre des trucs ! Je ne réponds rien et me contente de le suivre. oo00oo Devant l’enclos où grouille une trentaine de cochons, je gerbe une nouvelle fois en imaginant la pauvre Misty entre les sales pattes de ces créatures qui m’observent d’un air malsain. Je n’ai jamais trop aimé ces animaux. Ils m’ont toujours un peu foutu les jetons. Émile choisit de m’attendre là et lorgne les cochons qui reniflent la terre. Je retourne à la grange et y récupère une brouette. J’entre dans la maison pour en ressortir avec deux serviettes. De retour ...