Braquage
Datte: 19/09/2018,
Catégories:
handicap,
nonéro,
policier,
Auteur: Rain, Source: Revebebe
... permanence à la commissure des lèvres. Ils l’allumaient, tiraient quelques bouffées, attendaient qu’elles s’éteignent, et pénétraient dans le rade où il passait leur après-midi, ne la rallumant qu’en ressortant. Mais le tarot, les vieux, et l’occitan ont très rapidement éprouvé ma patience et, après cinq jours en leur compagnie, j’ai acheté un vélo à l’unique garagiste du coin et me suis exilé à la campagne pendant les journées.
Là-bas, j’ai choisi de visiter quelques fermes et c’est en visitant l’une d’elles que j’ai buté les vieux d’Émile et fait sa connaissance.Braquage : 2ème partie
Émile se rend compte que je l’observe. Il me sourit. Ses yeux s’agrandissent comme ceux d’un enfant qui déballe ses cadeaux de Noël. Un sourire franc. Un vrai sourire. Pas le truc factice que vous servent tous les gens que vous croisez tous les jours et avec lesquels vous êtes obligés de vous comporter en être civilisé. Le sien est réel, pas le moins du monde calculé, et surtout empli d’une chaleur qui pénètre votre cœur. Il n’a pas inventé la poudre, mais sa confiance ne vous fera jamais défaut. Il est incapable de tricher, de manipuler, de mentir. Je vous dis qu’un gars comme lui vaut son pesant de cacahuètes. Je lui rends son sourire et lui annonce que le moment est venu.
En sortant de la 205, nous nous dirigeons vers La Poste, nos cagoules cachées dans nos falzars.
Nous passons presque deux minutes à vérifier qu’aucune personne ne traîne dans les rues proches de La Poste et, ...
... une fois nos inquiétudes écartées, nous masquons notre identité derrière nos cagoules et entrons dans le bâtiment où seule une dame en jogging attend devant le guichet que l’employé veuille bien lui accorder son attention.
Émile et moi sortons nos armes. La dame au jogging informe se retourne et, en apercevant deux hommes cagoulés et armés, elle pousse un hurlement qui fait sursauter la feignasse qui, jusque-là, n’avait pas levé le nez de son journal, un magazine de bagnoles.
Nous traversons la pièce jusqu’au guichetier dont le visage blême est marqué par l’effroi qui l’assaille. La dame au jogging ouvre la bouche. Elle va crier, je le sens. D’une voix que j’espère menaçante, je lui intime l’ordre de fermer sa grande gueule.
Émile danse d’un pied sur l’autre, virevoltant, pointant son flingue dans toutes les directions sans jamais vraiment mettre en joue le chauve derrière le comptoir ou la femme qui a finalement cessé de brailler, le corps pris de tremblements alors qu’elle essaie de se calmer, probablement parce que mon fusil à canon scié n’est qu’à quelques centimètres de son front.
— Émile braque la dame. Lève les bras, dis-je à l’employé de La Poste.
Le chauve s’exécute, trop effrayé pour tenter quoi que ce soit.
— File-nous tout le pognon ! Magne-toi !
— Cédric ? me dit Émile.
— Ta gueule, tais-toi ! Contente-toi de la braquer !
— Mais… râle-t-il
— Tais-toi, ce n’est pas le moment, nous parlerons de tout ça plus tard.
Émile se tait et tient son ...