1. Braquage


    Datte: 19/09/2018, Catégories: handicap, nonéro, policier, Auteur: Rain, Source: Revebebe

    ... j’entretenais avec les teuffeurs ariégeois et d’autres jeunes de la région m’avait permis d’engranger deux mille euros. Il me restait plus qu’à m’en faire huit mille de plus. J’avais beau retourner la situation dans tous les sens je ne voyais pas comment je pouvais encaisser huit mille balles en peu de temps. Jusqu’au jour où je suis allé prendre l’apéro chez les ariégeois. Spike, uncrêteux de la tribu, a débarqué ce soir-là avec un sac à main qu’il avait tiré à une vieille. À l’intérieur, il y avait plus de six cents euros qu’elle venait de retirer à La Poste.
    
    Au début, j’ai trouvé ça dégueulasse ! On ne s’en prend pas aux vioques ! Mes parents et ma famille d’accueil partageaient le même avis sur ce sujet et je dois dire que j’étais d’accord avec eux. Mais j’avais besoin de fric et, lorsque Spike s’est vanté de se faire pas loin de mille euros par semaine, je me suis dit que si j’appliquais sa technique à la lettre je pourrais rapidement me rendre en Argentine et rechercher mon fils.
    
    La première mémé que j’ai braquée (j’ai honte quand j’y repense) devait avoir près de quatre-vingt-dix ans, s’accrochant à une canne, le dos courbé comme l’Arc de Triomphe. Elle est sortie tranquillement de La Poste. Plus tranquillement, c’est impossible ! J’ai bien dû attendre plusieurs minutes avant qu’elle descende les six marches. Trois minutes plus tard, elle est arrivée à mon niveau.
    
    Je l’ai bousculée, gentiment, juste pour créer un effet de surprise, et je me suis emparé de ...
    ... son sac. Sa canne a malheureusement ripé sur le macadam et elle s’est vautrée le cul par terre. Et là, les quatre fers en l’air, elle s’est mise aussitôt à gueuler que je lui avais cassé le coccyx. Je suis resté planté un instant à la regarder se plaindre. J’éprouvais un terrible sentiment de honte ! Devais-je l’aider à se relever ? Mes joues se sont empourprées et je me suis élancé dans la rue en serrant le sac de ma victime qui ne contenait que trente euros.
    
    À partir de ce jour-là, je me suis juré de ne plus jamais m’en prendre aux vieilles. J’ai donc pris la décision d’aller chercher le pognon à sa source.
    
    N’ayant jamais braqué de banques, j’ai décidé de commencer petit. Les Postes de villages isolés me sont apparues comme des cibles idéales. Je me contente du cash qu’ils ont derrière le comptoir – que j’estime à plusieurs milliers d’euros – et je me casse aussi sec en me débarrassant de la voiture que j’ai évidemment volée une ou deux heures plus tôt.
    
    L’idée me paraît excellente, mais il me reste un petit détail à régler. Pour faire un casse, il est évident qu’une arme s’impose. Je pourrais en demander une à Aziz mais il risquerait de me poser trop de questions auxquelles je n’aurais certainement pas envie de répondre.
    
    Dans mon idéal de gangster novice, je pensais qu’il me fallait nécessairement une arme de poing lorsque dans mon esprit de cinéphile s’est matérialisée l’image d’un fusil de chasse à canon scié, comme on en voit dans un grand nombre de films ...
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