Naturels - Histoires de Sexe

Naturels

... Tu as parfaitement réussi ton minutage ! T’es franchement fortiche !

Elle se met à rire :

— Je sais, je sais ! Tu vis avec la meilleure actrice de sa génération ! Allez, trêve de conneries, on se fait le dernier ? Et après, on regarde ce que ça donne ?
— Oui, c’est parti pour le dernier. Attention, celui-ci est aussi long que le premier…

Elle consulte à nouveau la feuille posée sur le côté. Magalie préfère le papier à l’écran du prompteur qui ne sert qu’en appui en cas de souci, ou pour garder le fil. Une minute plus tard, elle me fait signe que c’est bon.

Ayant fini, Magalie étire voluptueusement ses bras, puis elle m’adresse un grand sourire :

— Je vois que je te fais de l’effet, n’est-ce pas ?
— La façon dont tu le dis et le regard que tu as sont trop…
— Trop bandants ?

Le regard luisant, je m’approche d’elle, elle se récrie :

— Non, non, Monsieur le réalisateur ! On regarde ce qui a été tourné d’abord. On reste pro jusqu’au bout !

L’un contre l’autre, nous regardons les trois récitations sur la console de montage. J’ajoute divers filtres sur les vidéos. Je plaque le récitatif du deuxième en légère incrustation. Une fois que c’est fini, après avoir contemplé le résultat provisoire, Magalie s’exclame :

— Eh bé ! C’est… torride, à la limite du porno !
— Rien qu’avec la voix et ton attitude, félicitations ! Te voici propulsée Aline Decaux de la galipette. À moins que tu ne préfères être Pierrette Bellemare de la culbute !
— Et toi, espèce de ...

... Victor de l’idiotie, va !

Pensive, elle regarde l’écran. S’y connaissant un peu, elle revient en arrière, et applique à son tour deux effets visuels :

— Là, comme ça, t’en penses quoi ?
— C’est justement ça que je cherchais à faire ! Comment tu as deviné ?
— Non seulement je suis une grande actrice, mais aussi une grande réalisatrice ! Même si je n’ai que deux courts-métrages à mon actif. Personne ne m’a vraiment accordé ma chance, vois-tu…
— Une injustice qu’il faudra réparer au plus vite, si tu m’acceptes comme producteur.

Elle approche le bout de son nez près de mon visage :

— Tu dis ça pour plaisanter ou pour de vrai ?
— Pour ce genre de chose, je n’ai pas envie de plaisanter. Plus je vis avec toi, plus je m’aperçois que tu as un sacré potentiel. Mieux vaut tard que jamais, ma chérie.
— Oui, mais c’est triiiste !
— Hmmm, tu as quand même assez bien profité de la vie, même si ça n’a pas toujours été la grande joie pour toi.
— Tu veux dire quoi par là ?
— Que tu as eu une vie bien remplie que bien des femmes auraient aimé avoir !

Magalie fait la moue :

— Tu parles ! Depuis mes débuts, je passe pour une « Marie-couche-toi-là » !
— Vaut mieux faire envie que pitié, ma chérie !
— Tu as l’art de retourner la situation dans le bon sens, mon amour !
— En parlant de retourner, je crois que nous pouvons cesser d’être professionnels…
— Euh… je ne te comprends pas bien, là…

Puis lui expliquer ma pensée à ma façon, je lui saute carrément dessus, écrasant ...