Naturels - Histoires de Sexe

Naturels

Fin d’après-midi, la séance d’enregistrement vient de s’achever. L’animateur est déjà parti ainsi que les autres participants. Dans un coin du studio, je continue à discuter avec Magalie Vabesce, une ancienne starlette de cinéma qui survit en jouant les chroniqueuses dans diverses émissions de radio. Elle est assez connue pour sa verve et ses anecdotes croustillantes, d’autant qu’elle fut dans sa glorieuse jeunesse, une grosse consommatrice d’acteurs, de chanteurs et autres visages connus…

Richard Donelli est lui aussi resté. J’ai l’impression qu’il a quelque chose à me demander. Je le connais pour avoir travaillé un peu avec lui. Ce type est un sacré misogyne teinté de misanthrope dont le seul plaisir est de vivre reclus sur une île déserte ou d’aller parcourir à pied les déserts de sable ou de glace. Il joue souvent les ours mal léchés, son rôle de prédilection, sans doute pour gagner assez de sous pour financer ses futures balades, car les livres qu’il écrit ensuite ne sont pas de franches réussites chez les libraires. J’en ai partiellement lu deux de sa prose trop sèche, c’est parfait pour s’endormir…

Quant à moi, Victor Bailly, je suis moins connu du grand public. Je suis un producteur spécialisé dans la télévision. J’invente et je produis surtout des séries bouche-trous, à moindre coût, ce qui n’empêche pas d’être qualitatif. J’ai ainsi lancé la carrière de certaines personnes maintenant bien connues. Mais la reconnaissance du ventre n’est pas toujours le ...

... fort de cette profession. Peu me chaut, je suis reconnu et respecté dans le milieu, ce qui n’est déjà pas si mal que ça, surtout quand on connaît la propension des « collègues » à donner joyeusement des coups de poignard dans le dos !

La conversation roule sur divers sujets. Magalie est en verve, c’est presque dommage que les micros soient coupés. C’est alors que je constate un détail chez ma voisine :

— Est-ce une erreur de mes yeux abusés, ou bien vous ne portez pas de soutien-gorge ?
— Hmm-hmm, vos yeux voient bien.
— Intéressant… Vous aimez être au naturel ?
— On va le dire comme ça…

Richard, le grand escogriffe, intervient, mettant les pieds dans le plat :

— Ça fait pute…

Vexée, ma blonde voisine riposte aussitôt :

— En tout cas, la pute, t’aurais bien voulu lui mettre la main aux fesses !
— C’était à l’époque où tu étais encore mignonne.

Ses yeux verts lancent des éclairs, je préfère intervenir avant que ces deux-là ne disent des choses qui dépasseraient leur pensée :

— Richard, tu devrais porter des lunettes, Magalie est toujours mignonne.
— Tu dis ça, parce que tu voudrais te la taper.
— Je remarque que tu es toujours aussi élégant et diplomate.

Le rustre ronchonne :

— Je suis comme je suis…
— Je sais, je te connais assez. Je parie que tu souhaites me causer, car tu as le projet de traverser le désert de Gobi à reculons ?
— Pas le désert de Gobi…
— Mais tu confirmes que c’est à reculons ?

Magalie rigole franchement, ce qui se ...