1. Chrysalide


    Datte: 12/08/2023, Catégories: fh, Collègues / Travail fsoumise, Oral pénétratio, fsodo, mélo, rencontre, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... pourquoi pas. Ce sera une bonne façon de m’imprégner des lieux et d’imaginer des plans. J’attendis donc à la terrasse d’un bistrot voisin, sirotant un autre pastis, puis un autre, mais avec beaucoup d’eau fraîche. Il faisait déjà très bon en ce mois de mai, et le couchant peignait les vieilles bâtisses d’ocre. C’est le claquement rapide de ses talons sur les vieux pavés qui me fit tourner la tête. Sa longue silhouette se découpait dans les rayons rasants qui auréolaient sa chevelure dorée, presque rousse, tombant en cascades bouclées sur ses épaules. Elle s’assit face à moi, un peu essoufflée, débarrassant son épaule carrée d’un grand sac de cuir façon gibecière. Sa robe de toile grise moulait ses formes allongées et fuselées sans aucune ostentation. Je remarquai sa peau dorée par le soleil et surtout ses grands yeux vert émeraude comme la forêt amazonienne, ses traits fins, nez droit, pommettes marquées, dents blanches et carnassières.
    
    — Vous prenez quelque chose ?
    — Bé, pastaga ! (Je commandai) Je vous propose un truc : on se mange une pizza et puis on y va. J’ai pas grand-chose à croquer là-haut…
    — Va pour la pizza.
    — Ho, Gastounet, fit-elle au patron, tu nous fais ta spéciale ? Et bien chargée, s’il te plaît.
    
    J’avais déjà mangé des pizzas, mais des comme ça… Un bonheur accompagné d’un pichet de rosé local flamboyant. Elle parlait beaucoup, et si sa voix était toujours aussi profonde et douce comme une caresse, son accent était plus chantant que quand elle ...
    ... s’adressait au public. Elle parla de son boulot d’infirmière scolaire :
    
    — Ça gagne pas des cents et des mille, mais j’ai les week-ends, les mercredis, les vacances. Je me plains pas. C’est pour ça que je me dis que j’ai assez de temps pour mener ce projet.
    — Tout à fait. Quand nous l’avons lancé, je travaillais à plein temps. L’essentiel est d’avoir une comptabilité solide.
    — Pour ça c’est tout gagné. Y a le grand Antoine qui est esspert comptable. Il me fait du gringue ce couillon, alors qu’il est marié avé trois loupiots. Mais vous avez fait une heureuse, ma mère, la voilà rassurée. Elle me voyait pas m’embarquer là-dedans toute seule.
    — Hélas, je ne serai pas toujours là. Pourtant je sens bien qu’il y fait bon vivre.
    — Y a pas à se plaindre, y a pire. Je voudrais pas être dans vos brumes.
    
    Repus, nous y allâmes, je la suivis. Effectivement, il fallait le dénicher ce manoir. Il faisait trop sombre pour bien voir le bâtiment, mais dès l’entrée elle commença ses descriptions de travaux avec force gestes et conviction. J’avouais ne pas tout suivre. Entre TGV, voiture de location, réunion dès l’arrivée et quelques pastis derrière, j’étais un peu crevé. Nous montâmes à l’étage, elle me montra la chambre de sa mère, la sienne et enfin la mienne. J’avais imaginé une presque ruine, ce n’était pas un palace, car un peu défraîchi, mais très confortable. Je me réveillai vers 8 h 30, étonné d’avoir dormi aussi profondément. Un T-shirt et un pantalon, une bonne odeur de café frais ...
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