L'étrange aventure d'Ambrose Mac Heusdress - Histoires de Sexe

L'étrange aventure d'Ambrose Mac Heusdress

... qu’elle avait eu le malheur de croiser étaient moches comme une armée de poux. Celui-là n’échappait pas à la règle. Déplumé au long pif tordu, il arborait des dents jaunâtres et déchaussées.

— Il est encore trop tôt pour émettre un diagnostic. Nous ne pourrons nous prononcer que dans soixante-douze heures.
— Soixante-douze, se plaignit-elle, sans que l’on sache si elle entretenait l’espoir d’une issue favorable… ou fatale.

Chaque jour elle vint tenir compagnie à son mari, guettant le moindre signe de rétablissement, priant tous les dieux possibles et imaginables pour que ce ne soit pas le cas.

Au bout du troisième jour, l’état d’Ambrose ne s’était guère amélioré, elle arriva donc le quatrième jour pleine d’espoir. Le chirurgien l’attendait dans le couloir, la mine sinistre.

— Madame Mc Heusdress, il va falloir être forte.
— Ô Seigneur, balbutie-t-elle, des trémolos dans la voix.Youpi ajouta sa petite voix intérieure.
— Votre mari vient de se réveiller, mais il est encore très faible et totalement désorienté.

Au moins se dit-elle,il ne se souviendra plus de ce couillon d’Angus.

Effectivement, Ambrose posait un regard vide sur son environnement, en particulier sur sa femme qui entrait.

— Mon chéri, je suis là.
— …
— Ne t’inquiète pas, tu es entre de bonnes mains, tu reviendras vite à la maison et je te soignerai comme un roi.
— …
— En effet, il n’est guère causant !

****

Chaque jour Angela venait passer une heure avec son mari, lui racontant ...

... les potins du village, les déboires de la famille royale ainsi que des nouvelles de l’entreprise, qui fonctionnait pour l’instant presque seule. Elle lui amena aussi de la lecture, non pas des romans, mais des revues sur la vie quotidienne, avec beaucoup d’images, de photos et très peu de textes. De la pub aussi, ça ne manquait pas !

Au début, hagard, il ne s’intéressait guère à ce qui l’entourait. Entre les soins, les visites du médecin et d’une rouquine qui venait chaque jour, il dormait ou sommeillait. Puis on lui retira les perfusions et les sondes qui lui encombraient le nez et la bouche. Enfin il put parler. Sa première phrase fut pour sa moitié.

— Qui êtes-vous, madame ? questionna-t-il d’une voix rauque.
— Rahhh, hurla l’épouse éplorée.
— N’ayez crainte, c’est courant, la rassura le médecin, ça va lui revenir peu à peu.

Elle espérait bien que ça ne lui revienne jamais, elle imaginait qu’il ait pu voir Angus avant de recevoir le coup, et c’en était terminé d’elle et de ses rêves de grandeur.

Maintenant qu’Ambrose sortait de son état d’hébétude, il commençait à s’intéresser aux publications posées sur sa table de chevet. Il s’amusa ainsi d’un mariage princier. Le journal dévoilait tous les produits dérivés, assiettes, bols, tasses, bijoux… Il reposa son journal et fit une petite sieste. À son réveil, une tasse à l’effigie du couple royal trônait sur sa table.Marrant, ils s’y mettent aussi dans les hôpitaux maintenant. Le lendemain, la tasse avait disparu et ...