Mon patron, cet abruti (1 / 7)
Datte: 10/09/2018,
Catégories:
nonéro,
Humour
Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe
... pogne large et ferme.
— Ne croyez surtout pas tout ce qu’on vous dit à mon sujet. Cheryl a souvent tendance à exagérer. J’espère que nous nous entendrons bien.
En même temps, il me regarde un peu bizarrement, avec un très furtif froncement de sourcils.
— Je l’espère aussi, monsieur.
Il rit et fait un geste de la main, comme pour chasser une mouche importune.
— Pas de « monsieur » entre nous ! Appelez-moi Axel, tout simplement.
— Marielle, dis-je pour me présenter.
— À la bonne heure !
Cheryl Lang intervient :
— Voilà. À présent que la glace est rompue, je vais vous expliquer le topo.
— Ah là là ! s’exclame Axel en m’adressant un clin d’œil. Ne vous laissez pas impressionner par Cheryl ! Elle se donne des airs sérieux en se faisant passer pour un bourreau du travail et en traitant les autres de buveurs de bière, mais au fond, elle est sans doute bien pire que moi ! Ne vous avisez pas de la défier à l’alcool de riz !
Pour toute réponse, l’autre se contente de ricaner et tourne les talons en m’invitant à la suivre. Elle m’installe à une table et m’explique un peu l’organisation de la boîte, la topographie des lieux et ce qu’on attend de moi. Darville Printing était à la base un petit imprimeur, qui s’est peu à peu spécialisé dans l’impression de modes d’emploi.
— Mais attention, m’avertit Cheryl Lang, je parle de modes d’emploi de qualité. Bien souvent, lorsque vous achetez un quelconque appareil, vous vous apercevez qu’il a été conçu au Japon ...
... et fabriqué à Taïwan, tandis que la notice explicative en français, imprimée en Pologne, est une traduction de la version danoise traduite de l’italien à partir d’un exemplaire guinéen d’une copie de mauvaise qualité du mode d’emploi japonais d’origine ! J’exagère, mais pas tellement ! Ici, nous luttons contre ce phénomène. Darville Printing est devenu LE spécialiste du mode d’emploi multilingue de qualité accompagné de schémas clairs et précis !
Elle semble convaincue de ce qu’elle dit, alors, de prime abord, je lui fais confiance. Je vais bosser dans une maison sérieuse. Et je ne peux pas me permettre de faire des conneries et d’arriver en retard.
Cheryl me tend un badge magnétique qui me donne accès à divers locaux.
— Ne perdez pas votre sésame. Vous en aurez essentiellement besoin pour accéder à la documentation, ici à côté, et aux archives, qui sont elles dans les combles ; et je vous signale en passant que ça sert également pour les distributeurs de boissons chaudes et froides qui se trouvent dans le couloir. Tant qu’on n’exagère pas, le boss ne dit rien.
Elle ricane et annonce, à voix haute :
— Il n’y a ni bière ni alcool, de toute façon !
Elle se lève.
— Avant de passer au boulot proprement dit, je dois encore vous faire voir notre caverne d’Ali Baba : la docu. Suivez-moi.
Et nous revoilà dans le couloir. Nous arrivons rapidement devant la porte marquée « documentation », et pourvue d’une serrure à commande électronique.
— C’est l’occasion ...