La forêt
Datte: 08/09/2018,
Catégories:
nonéro,
aventure,
fantastiqu,
Auteur: Gaed, Source: Revebebe
... tintement – toujours le même – d’une cloche ou de plusieurs, je ne sais pas.
Encore le souvenir de la voix de la vieille femme dans ma tête, ce sifflement.
Descends le fleuve
Le troupeau vient
Quel troupeau ?
À nouveau, les cloches retentissent. Il me faut rebrousser chemin.
Demi-tour.
Vite.
La nuit est là qui m’enveloppe comme un linceul froid.
Je remonte la berge.
Et le trajet semble plus difficile, bien plus âpre. Pourtant délesté de mes armes et de mes vivres. Mais ce n’est pas la force physique qui est en jeu, car il ne me semble point ressentir de fatigue, mais c’est une épreuve de volonté, l’envie de faire le parcours dans ce sens-là n’est pas évidente, loin de là. Je cours, je cours à en perdre haleine, tâchant de refréner le besoin de me remettre dans le sens naturel du chemin. Ma main serre la pierre, instinctivement. Elle me donne de la force, mais j’ignore pourquoi. De temps à autre, dans la noirceur ambiante, le tintement des cloches résonne, un peu plus présent chaque fois, et ce son me glace le sang. Il vient de la forêt alentour, ressemble au tintement de ces lourdes cloches que les gens des campagnes utilisent pour guider les bêtes. Mais l’écho, lui, est plus mat, comme étouffé, prenant par à-coup l’habit d’un gémissement plaintif. Dans l’obscurité baignée de reflets de lune, cette étrange musique semble porter mes pas. Je sens qu’il m’en faut découvrir la source. Sur l’autre rive, je crois apercevoir des formes. Ce n’est pas ...
... la première fois, j’ai déjà eu ce sentiment de ne pas être seul. Je me hasarde à faire des signes de la main, à pousser quelques cris, plus pour chasser la peur qui bat dans mon ventre que pour me faire connaître.
Alors je continue d’avancer, remontant le fleuve aussi vite que je le peux et de ce côté-là, dans ce sens, je jurerais que la nuit est bien plus noire.
Le jour ne se lève pas ; pourtant, il devrait. Louna ressemble à un soleil pâle qui éclairerait l’obscurité. J’ai couru toute la nuit et je ne suis pas fatigué. Je ne suis pas fatigué !
Plusieurs fois, j’ai failli rebrousser chemin. Pourquoi revenir vers ces sombres sentiers ? Pourquoi ne pas poursuivre ma route vers cet ailleurs si séduisant, si chaud ? Il n’y a pas de réponse, il n’y a que l’instinct, un raisonnement bestial qui commande à la raison.
Seul le tintement des cloches me donne espoir en même temps qu’il m’effraie. Pendant ces longues heures, j’oscille entre de contradictoires sentiments. Quelques rares fois, l’euphorie me gagne et il me semble que ma foulée s’allonge, que je vais sortir de ce cauchemar ; d’autres fois, une lassitude profonde m’envahit et j’ai l’impression que je vais étouffer dans l’instant.
Mais je gagne.
Mes pas effleurent le sol, ma foulée est ample et mon souffle semble sans fin, je pourrais courir ainsi très longtemps. Dans l’ancien temps, on envoyait des éclaireurs avant le combat, de très bons coureurs, forts sur leurs jambes et vaillants combattants. Chacun ...