1. Les dieux sont tombés sur l'athlète


    Datte: 23/04/2023, Catégories: fh, sauna, hotel, délire, Humour aventure, fantastiqu, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... sans émotion.
    — Mais comment peux-tu nier notre existence en notre présence ?
    — Il ne s’agit pas de cela. Athée, c’est un état, pas une vocation au prosélytisme. On peut dire agnostique, aussi, si tu préfères. C’est moins catégorique et sans hostilité quelconque. Je fais partie de ceux qui ne savent pas, qui n’ont aucune certitude, mais ne souhaitent pas qu’on leur impose celles des autres, tout en les respectant, si elles sont respectables. J’ai plein d’amis qui croient en vous, et nous partageons les mêmes valeurs. Figure-toi que je peux moi aussi être émue par la spiritualité d’un lieu, d’une chapelle, d’une mosquée, d’une prière qui s’élève. Nous ne sommes pas si différents. Y compris sur nos doutes. Vous aussi, pour l’essentiel, vous m’avez avoué votre ignorance. Je ne vous en fais pas le reproche. Mais si vous êtes si confiants en vous, pourquoi restez-vous ici à l’abri, figés à jamais dans votre pure existence sous cloche, dans cet Aqualand perpétuel, sans risque et sans surprise ? De quoi avez-vous si peur ? Pourquoi ne prenez-vous pas le risque de vivre au cœur du monde ?
    — Parmi nos fidèles, pourquoi pas. Mais au contact de ceux qui vivent sans dieu et ne croient à rien ?
    — C’est pas parce qu’ils ne croient pas en vous qu’ils ne croient en rien.
    — Et ils croient en quoi, alors ?
    — À plein de choses. Au vent qui fait trembler les feuilles. Au rire d’un enfant. À la brûlure d’un regard ou la douceur d’un sourire, à une main amie qui se serre un peu plus fort sur ...
    ... la vôtre, un jour où vous n’allez pas bien. À des tas de choses fragiles et très fugaces, qui ne s’expliquent pas, d’autant plus belles qu’elles ne sont pas éternelles, dont vous n’avez pour la plupart jamais fait l’expérience, et dont vous vous privez ici pour l’éternité. Vous et bien plus encore ceux qui vous vénèrent aveuglément, en fanatiques, tellement suspendus à votre intervention ou votre jugement qu’ils en oublient de vivre, et de capter avec gratitude ces petits fragments de grâce. Il n’y a pour eux plus rien d’innocent, à commencer par le plaisir. Il est toujours suspect. Ils ne vous vénèrent que dans la crainte. Et ces plaisirs-là, aussi éphémères soient-ils, moi, je ne peux plus m’en passer, désolée. À quoi bon être immortelle si c’est pour s’en priver ? C’est peut-être la finitude des choses qui en fait le prix. Je ne vous empêche pas d’être dieux, je regrette seulement que vous ne le soyez qu’ici. Je vous embrasse tous, mais ma décision est prise. Je prends l’ascenseur. Je ne vous rejette pas, je rejoins les mortels, en toute affection pour vous.
    
    Le portes s’ouvrirent, Olympe entra à bord, leur envoya un baiser, et s’apprêta à sélectionner la destination, lorsqu’Athéna l’interpella.
    
    — Attends ! Tu as su m’émouvoir. Au diable l’immortalité. J’ai envie de connaître ça, moi aussi, ne fût-ce qu’une fois. Je descends avec toi.
    
    Les murmures redoublèrent. Et puis l’inimaginable se produisit. Un, deux, trois, quatre, cinq dieux imitèrent successivement Athéna ...
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