Les Gibets de Savannah - Histoires de Sexe

Les Gibets de Savannah

... connaissez.

Un peu que je connais le gaillard… Il y a quelques années, cet empaffé m’a arnaqué d’une cargaison de rhum que j’avais chourée à un riche marchand qui n’y avait vu que tchi. J’ai revu l’Araignée par la suite, je lui ai bien pété la gueule, mais cela ne m’a pas rendu mon pèze pour autant.

— Or, cet enfoiré a collé un lardon à ma dernière fille… Moi qui la préservais pour un grand mariage…

L’amour que les pères ont pour leur progéniture est toujours assez touchant, sauf que je ne serais même pas plus surpris que ça que le polichinelle qu’elle a dans le placard ne soit même pas de l’autre couille molle… Parce que je connais la donzelle, si le nœud était une unité de distance et non de vitesse, je pense qu’elle ne serait sans doute pas loin de Terre-Neuve.

— Et quel rapport avec ce rafiot ?
— L’autre pedzouille s’est frité avec des pandores… Et le juge l’a collé au trou pour une quinzaine de jours.
— Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir…
— Vous avez un compte à régler avec lui, il me semble… Et moi aussi. C’est l’occasion de remettre doublement les pendules à l’heure.

J’avoue que j’aimerais voir la tronche de Ducon 1er quand il se pointera la bite en fleur et qu’il s’apercevra que son bateau s’est fait la malle.

— Admettons. Et on s’y prendrait comment ?
— Facile. Je te fais les fafs pour un emprunt, mais j’oublie de mentionner pour combien de temps…
— L’idée est séduisante… Et vous voulez combien pour ça ?
— Peau de zob… Faut juste ...

... que vous ayez décarré d’ici demain midi.
— Ça marche… Et il est où, ce bateau ?
— Au bout du quai… Tes hommes doivent déjà s’y trouver.

De fait, je n’ai pas longtemps à chercher, une petite dizaine de charrettes sont déjà prêtes à décharger leur cargaison lorsque je me pointe en face de ce fameux bateau. J’y remarque naturellement ceux qui viennent livrer la flotte, la bectance et le reste, mais aussi tout le bordel qui est la propriété de l’équipage. C’est une coutume, chaque marin a le droit de garder ses armes en plus de ses fringues et de son branle perso.

— T’es monté à bord, Lepainsec ? Ce tas de planches est en bon état ?
— Tu sais bien qu’on n’a pas le droit sans y être invité, capitaine… Mais on a fait le tour en barque tout à l’heure, et il n’a effectivement pas l’air trop pourrave.

Je lui montre alors le bifton que j’avais roulé dans ma veste et que le type de la capitainerie m’a fait signer quelques minutes plus tôt.

— C’est quoi cette combine ? Ce rafiot est à nous ?
— On va dire que c’est un prêt à très longue vue… Tiens, regarde, c’est écrit là…

Dans la marine, on a un principe : il ne faut jamais se plaindre que la marée est trop belle.

— Alors, on a permission de monter à bord ?
— Un peu, mon neveu ! Mais avant de charger quoi que ce soit, vérifie-moi le gréement, les voiles, la coque, les structures, bref tout le bordel ! Tu sais quoi faire !

Tandis que l’équipage s’affaire, je me dirige directement vers la dunette… Pas vraiment en ...