Les enfants du Bon Dieu (4) - Histoires de Sexe

Les enfants du Bon Dieu (4)

... moi, franchement le cœur n’y est pas. Je regarde Michel qui est là tout proche. Certains détails qui de prime abord ne m’avaient pas sauté aux yeux se font jour, au fil du repas. Il semble moins spontané dans ses répliques, et puis en y voyant mieux, le col et les poignets de sa chemise sont élimés. Usé, fatigué, il me donne l’impression qu’il n’est plus cet homme fier que j’ai tant aimé. Le repas prend une tout autre dimension. Bien sûr ma belle-sœur a mis les petits plats dans les grands, aidée en cela par sa mère.

Mais si elle avait comme espoir celui de nous rapprocher son frère et moi, elle s’est trompée. La table ne s’y prête guère. Pour conviviales qu’elles soient, leurs seules présences interdisent que nous discutions de choses intimes autour de celle-ci. Je suis fixée à la fin du diner lorsque Marie s’adresse directement à moi.

— On a, Jean et moi un truc à te demander Claude !

—… Ah ?

— Oui ! Tu es et resteras notre belle-sœur. Pour nous tes histoires avec mon frère ne nous regardent pas vraiment. Nous sommes navrés de cette situation, mais vous êtes des adultes et… néanmoins, tu es et resteras notre unique belle-sœur. À ce titre, nous serions heureux que tu acceptes d’être la marraine de notre petite Alix.

—… ? La marraine ? Tu veux dire officiellement, devant le curé ?

— Ben oui… mais c’est un engagement très lourd pour nous. La marraine, c’est encore dans notre esprit, celle qui s’occuperait de notre petite dans le pire des scénarios…

— Ça ...

... demande un temps de réflexion…

— Oh, tu as presque tout ton temps. Nous voulons faire ce baptême dans deux mois… il nous reste quelques jours pour marquer ton nom au bas des formulaires à rendre à la paroisse.

Je tourne et retourne dans mon crâne cette étrange requête. Je me sens piégée par cette belle-sœur et surtout sa demande, à laquelle je dois l’avouer, je ne m’attendais pas le moins du monde. Marraine ! Une manière comme une autre de me garder pas trop éloignée de son frère ? De sa gamine également. Et le pire de cette affaire, c’est que je me sens presque comme investie d’une mission. Mes yeux tombent sur ceux de Michel. Tous les convives de la table suivent naturellement mes réactions. Mais lui… tout particulièrement.

— C’est un honneur !

— Une charge aussi, tu sais Claude

— Oui Marine, oui, je le sais bien ! Pour information, qui sera le parrain ?

— Mon frère Alain… le plus jeune. Tu te rappelles lui ?

— Oui, oui, bien entendu… que devient-il ?

Et les discussions reprennent avec une autre vision de tous. Je dois admettre que Marie a su la jouer fine. Je me sens prise dans les rets d’un filet qu’elle a tissé avec maestria. Comme si elle savait déjà que je vais cogiter cela des jours durant. Et forcément penser à sa fille m’obligera à songer à son oncle… lequel pour le moment me semble bien mal en point. Tout au long de cette soirée, chaque occasion est bonne pour nous laisser seuls en tête à tête mon mari et moi. Et en fin de compte, Michel et ...