1. Le fauteuil d'Émilie


    Datte: 04/01/2023, Catégories: médical, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme confession, nostalgie, regrets, Auteur: François Bonura, Source: Revebebe

    ... pause le temps de sentir le sucre me procurer une brève euphorie. C’est seulement quand le hit frappe au cerveau que j’ouvre le dernier, pour le savourer en prenant mon temps. Je regarde François bosser, en espérant son regard sur ma poitrine. Ça ne manque jamais, il mate à plusieurs reprises de façon tellement prévisible que c’en est pathétique. Pendant qu’il a ses yeux sur mes seins, j’ai mes yeux dans les siens.
    
    Avant j’esquivais ce type de regard des dizaines de fois par jour, maintenant j’en suis réduite à prier pour que ça m’arrive encore une fois par semaine. Les séances de kiné ça fait mal et c’est nécessaire, le désir d’un homme c’est bon et c’est vital.
    
    L’accès à internet est hyper limité. Presque rien à part les news. Pas de YouTube pour la violence, pas de porno, pas d’eBay, pas d’Amazon, bref, c’est pas le bon coin… Les sites de commerce c’est pour pas que les dépressifs tombent dans l’achat compulsif.
    
    De toutes les façons moi j’ai besoin de tout ce qui s’achète pas. Pour le reste j’en ai trop. Quand ma grand-tante est venue, je lui ai redonné tout ce qu’elle m’avait amené et que je ne veux plus voir. Affaires de moto, maquillage, sacs à main. Tout ce qui peut me rappeler ma vie d’avant. Et surtout la lingerie. Tanga, string, shorty… avec la sonde ...
    ... urinaire ça le fait pas trop. Je lui ai parlé à la sonde, elle m’a dit qu’un caleçon de mec ça irait très bien.
    
    Le peu de blé que j’ai c’est pour les lingettes, les clopes et les Mars. J’ai gardé que le kimono, les bouquins, et l’ordi pour la musique, pour écrire.
    
    Facebook, j’ai viré tout le monde après avoir fait mes adieux en disant que je partais loin pour changer de vie, et que je souhaitais l’anonymat. J’ai créé un nouveau profil pour échanger quelques conseils pratiques avec d’autres personnes en fauteuil.
    
    En déambulant sur la toile comme je déambule dans les couloirs, je suis tombée par hasard sur un type amateur de féminité. J’aime ses textes et ses photos. J’avais envie de fantasmer, de sentir que j’existais un peu, de voir si je pouvais encore inspirer quelque chose à quelqu’un. Alors je l’ai contacté pour lui demander de m’écrire un texte.
    
    Je n’ai qu’une exigence : il doit le poster en une seule fois. J’ai pas envie que les gens attendent une suite comme dans une série. Le handicap c’est la vraie vie, y’a qu’un épisode.
    
    Pour l’inspirer je l’ai appelé en vidéo, il a seulement vu mes seins et entendu ma voix.
    
    Il m’a demandé comment s’y prendre. Je lui ai dit « si tu veux comprendre les femmes, oublie que t’as quelque chose entre les jambes, comme moi ». 
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