1. La Solitude d'Anastasie Beaubois (1)


    Datte: 12/12/2022, Catégories: Hétéro Auteur: Count Zero, Source: Xstory

    ... soustraire à l’ambiance électrique et pesante qui flottait dans la cuisine. A chaque jour suffisait sa peine, et il n’avait pas choisi ce métier pour être confronté aux dysfonctionnements des familles les plus riches de la métropole. Il ressassa néanmoins les évènements dans sa tête, alors qu’il apercevait la porte d’entrée au bout du couloir. Basile n’avait jamais vu en personne Monsieur Beaubois, il ne lui avait même jamais parlé. L’homme était toujours, d’après ce qu’il avait entendu au détour de conversations dans lesquelles il n’était pas impliqué, en voyage d’affaires, en réunion ou simplement au boulot.
    
    Pourtant, sa voiture était très souvent garée sous un petit auvent attenant à la bâtisse : un gros Porsche Cayenne noir rutilant, bourré d’options dont Basile ne pouvait soupçonner n’existence. Une voiture garée là, qui faisait planer sur la maison l’ombre d’un père et d’un mari trop souvent absent.
    
    Basile tira vers lui la grande porte massive, et s’extirpa de la maison. Le portail était en train de s’ouvrir, et le professeur n’osa pas regarder par-dessus son épaule pour voir si on l’épiait ou non.
    
    Quelques jours passèrent. Epuisants et répétitifs. Basile fut très absorbé par son travail, et l’incident du dimanche soir n’occupait plus qu’un petit coin de son esprit sans vraiment avoir disparu.
    
    Quand le mercredi soir arriva, Basile fit un effort supplémentaire pour ne pas arriver en retard, et trouva même une belle place de parking pour se garer dans la rue ...
    ... où vivait la famille Beaubois. Il consulta sa montre et constata qu’il avait dix confortables minutes d’avance. Avec un froncement de sourcils, il se demanda malgré tout quelles étaient les chances que Madame Beaubois ne supportât pas non plus les gens trop en avance ? Il décida de prendre le risque et allait sonner à l’interphone quand il s’aperçut que le portail était entrouvert.
    
    C’était étrange, venant d’une femme aussi rigide que sa cliente... Ceci dit, il était inutile de sonner pour qu’on lui ouvre le portail... Basile allait se diriger directement à la porte d’entrée et frapper. Il se rendit compte tout de suite que le gros SUV de Monsieur Beaubois était absent de sa place de parking habituelle, ce qui renforça le sentiment d’inquiétante étrangeté que ressentait le professeur de mathématiques.
    
    Il saisit à pleine main l’épais heurtoir en métal noir qui représentait un lion tenant un anneau dans sa gueule, et frappa trois coups forts et distincts. Il espéra qu’on l’entendrait dans toute la maison, regrettant presque de ne pas avoir sonné au portail. Pour la première fois depuis qu’il travaillait ici, il attendit à la porte d’entrée au lieu d’attendre au portail, et jeta un œil derrière son épaule pour calmer le sentiment de ne pas se trouver à sa place en cet instant. Et finalement, après de trop longues secondes, la porte s’ouvrit et il se retrouva face à Madame Beaubois en personne.
    
    — Bonjour Madame, dit-il simplement en espérant que sa patronne remarquerait sa ...
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