La Solitude d'Anastasie Beaubois (1)
Datte: 12/12/2022,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Count Zero, Source: Xstory
... est dans la cuisine.
— Avec plaisir.
Comme à son habitude, en ce dimanche soir d’hiver, Madame Beaubois était habillée en bourgeoise décontractée. Ce qui était d’ailleurs assez ironique, puisque la tenue n’était pas en adéquation avec le caractère très peu décontracté de celle qui la portait. Basile prit un moment pour apprécier en toute impunité le dandinement tendu des fesses de la dame, encore et toujours moulé à la perfection par un jean de luxe acheté au Printemps pour vingt fois ce que Basile gagnait de l’heure.
Madame Beaubois –Anastasie pour les intimes dont Basile ne faisait pas partie – restait une femme très séduisante pour le professeur, à peine trentenaire. De dix ou quinze ans son aînée, elle dégageait une grâce et une élégance qui la distinguaient de toutes les femmes que le jeune homme avait rencontrées. Grande, svelte et athlétique, avec de hanches larges et une chevelure blonde toujours coiffée en une épaisse tresse qui l’arrêtait bien au-dessous de ses épaules crispées. Pendant la traversée de la demeure, elle se retournait parfois pour vérifier que le professeur particulier de sa fille la suivait toujours, laissant au passage entrevoir son visage qui savait se montrer charmant par intermittence.
— Marie vous attend. Je lui ai demandé de commencer à travailler sans vous, puisque vous n’arriviez pas.
Basile avait envie de lui dire qu’elle pouvait se détendre, et que la scolarité de sa fille ne serait pas compromise par un retard de dix ...
... minutes de son professeur... mais il savait par expérience que ça ne ferait que mettre de l’huile sur le feu. Dans ce genre de cas, il fallait simplement se taire.
Basile et sa patronne arrivèrent, après avoir traversé un long couloir, à la cuisine. Marie, jeune fille intelligente et studieuse, était déjà installée derrière une imposante table en bois brut qui lui donnait l’impression d’être minuscule. Elle releva la tête à l’arrivée de son professeur, et braqua sur lui deux yeux bleus hérités de sa mère.
— Basile, je vous remercie de bien vouloir respecter l’horaire habituel de fin de cours, je ne veux pas que Marie rate sa leçon de piano.
— En espérant que Mademoiselle Cochet ne soit pas en retard elle aussi, ironisa Basile avec juste ce qu’il faut d’espièglerie pour ne pas mettre la dame en colère.
La plaisanterie ne fit bien entendu pas mouche, mais elle titilla suffisamment la maîtresse de maison pour que le professeur ait eu droit à une toute nouvelle version duregard désapprobateur.
— Mademoiselle Cochet, qui est toujours bien ponctuelle, ne tolèrera pas qu’on empiète sur son cours, et moi non plus.
Basile se retint d’aller trop loin en ne disant pas qu’il pensait que les mathématiques passaient avant le piano, il se contenta de conclure simplement :
— Alors, mettons-nous au travail, jeune fille.
— Marie a quelques difficultés avec les vecteurs, merci de bien vouloir la guider dans ce chapitre.
Et Marie a aussi une langue, et elle peut très bien me ...