1. La Solitude d'Anastasie Beaubois (1)


    Datte: 12/12/2022, Catégories: Hétéro Auteur: Count Zero, Source: Xstory

    ... ponctualité.
    
    A l’image de tout ce qui entourait cette soirée et ce cours, Madame Beaubois elle-même était bizarre... Basile remarqua que sa coiffure n’était pas aussi impeccable qu’à l’accoutumée : quelques mèches rebelles s’étaient détachées de sa tresse d’habitude parfaite. Elle ne s’était pas non plus maquillée, et elle s’était habillée avec un t-shirt ample et un bas de pyjama déparié.
    
    Le professeur et sa patronne se regardèrent dans les yeux pendant un moment de flottement presque cocasse, puis elle brisa le silence :
    
    — Merde, dit-elle simplement.
    
    — Je suis désolé, rétorqua Basile, confus... j’aurais dû sonner au portail...
    
    — Non, ça n’est pas ça, Basile. Marie n’est pas là ce soir, j’aurais dû vous décommander, mais je ne l’ai pas fait.
    
    Basile fronça les sourcils, et il n’était pas sûr de comprendre.
    
    — C’est-à-dire que... ?
    
    — C’est-à-dire que vous pouvez rentrer chez vous, je n’ai pas besoin de cours de mathématiques.
    
    Son embarras transpirait derrière son air blasé et inerte.
    
    — Quelle conne... souffla-t-elle en enfouissant son visage dans ses mains.
    
    — Ça n’est pas grave. Ne vous en faites pas.
    
    — C’est très grave. Pour quoi allez-vous me prendre maintenant ?
    
    Basile prit un ton qui se voulait rassurant et paternaliste :
    
    — J’insiste. Ça n’est pas grave. Vous n’avez pas l’air dans votre assiette... tout va bien ?
    
    Elle le toisa avec une pointe de mépris.
    
    — A votre avis, Basile ? Les choses ont-elles l’air d’aller bien? ...
    ... rétorqua-t-elle.
    
    Les choses n’avaient pas l’air d’aller bien, en effet. Basile s’en voulut d’avoir formulé sa question si stupidement.
    
    — Je ne vous avais jamais vu dire de grossièretés, ni sans maquillage. Alors je dirais que les choses vont mal, en effet.
    
    Basile eut une envie irrépressible de mentionner l’incident du téléphone, et l’absence du mari. Il se retint de toutes ses forces, mais... au fond de lui, son instinct lui disait que si les jeunes gens pouvaient ressentir le besoin de se confier à quelqu’un de l’extérieur, peut-être était-ce aussi le cas de Madame Beaubois. Il resta planté là un certain moment, cherchant une manière de tendre verbalement la main à une femme en détresse sans la braquer. Une prouesse qui reviendrait à faire un balai dans une pièce remplie de pièges à souris sans se faire pincer les orteils.
    
    — Vous souhaitez... en parler ?
    
    Haussement de sourcils de la part de la patronne.
    
    — Nous avons une heure devant nous, poursuivit le professeur. Il arrive souvent que des élèves se confient à moi, à quelqu’un del’extérieur.
    
    Elle ricana d’un rire mesquin et sans joie.
    
    — Quelle idée saugrenue ! Pourquoi ferais-je une chose pareille ?
    
    — Je ne sais pas, bafouilla Basile. Excusez-moi, c’était une proposition ridicule.
    
    Elle le toisa de nouveau, longuement, comme pour le sonder. Elle devait se demander quelles étaient ses intentions, pensa Basile. De toute évidence, elle s’attendait à tout sauf à ce que quelqu’un lui tende la main. Elle ...
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