1. La Solitude d'Anastasie Beaubois (1)


    Datte: 12/12/2022, Catégories: Hétéro Auteur: Count Zero, Source: Xstory

    ... ressentir le besoin de confier à quelqu’un del’extérieurleurs tracas, et d’autre part parce qu’il avait besoin (comme tout le monde se disait-il) d’étancher sa curiosité.
    
    — Oui... il part en Chine très souvent, et quand il doit prolonger ses voyages d’affaires, il prévient tout le temps Maman à la dernière minute.
    
    — Je comprends, malgré tout, ne te laisse pas déconcentrer, termine cet exercice pour qu’on le corrige ensemble.
    
    Contrairement à son élève, bien plus sérieuse et studieuse que lui ne l’avait jamais été, Basile ne sut pas se remettre la tête dans les exercices de mathématiques. Madame Beaubois haussait la voix dans la pièce d’à côté. La bonne isolation de la maison étant ce qu’elle était, les mots que la mère de Marie prononçait restaient inintelligibles, et seul le ton transparaissait... Il était loin d’être cordial.
    
    Soudain, la porte de la cuisine s’ouvrit brusquement. Le bruit sec de la butée métallique de la poignée qu’on ouvre trop vite fit sursauter Basile. Madame Beaubois fit irruption dans la cuisine, sans regarder ni sa fille ni le professeur. Ses traits étaient tirés, ses yeux en colère. Elle fulminait.
    
    Elle se dirigea, imperturbable, vers le comptoir sur lequel trônait une bouteille de vin entamée à côté d’une corbeille de fruits de saison. Une fois arrivée à destination, elle était de dos par rapport à Basile. Elle s’étira pour saisir un verre à pied situé en hauteur, déboucha la bouteille de vin rouge, et s’en servit une bonne ...
    ... quantité.
    
    Marie ne leva même pas les yeux, et Basile en conclut que cette scène devait être plus ou moins courante dans la maisonnée.
    
    Toujours de dos, Madame Beaubois prit une bonne gorgée de vin. Attendit quelques secondes, et réitéra son geste. Une autre gorgée plus tard, le verre était vide. Elle se retourna finalement vers Basile et sa fille, et son sourire était un mauvais sourire de façade.
    
    — Basile, je pense que vous pouvez rentrer chez vous.
    
    — Il nous reste dix bonnes minutes de cours, Madame Cou...
    
    — Je sais très bien combien de temps il vous reste. Vos gages n’en seront pas réduits, ne vous inquiétez pas, s’exaspéra-t-elle.
    
    Basile se retourna vers Marie, qui ne leva pas le visage de son cahier.
    
    — C’est vous qui voyez, Madame, se résigna Basile.
    
    Le professeur se leva doucement, réunit ses affaires dans son sac de cuir brun sans rien ajouter, et sentant peser sur lui le lourd regard de la femme qui l’employait. Marie, quant à elle, n’avait pas dit un seul mot. Elle répondit d’un signe de tête furtif, et affichait une mine quelque part entre résignation et honte.
    
    — Je vous raccompagne, Basile, ajouta Madame Beaubois pour sauver les apparences.
    
    — Ça ne sera pas utile. Je connais le chemin.
    
    — Comme vous voudrez.
    
    Basile tourna les talons, passa près de son employeur en esquissant un sourire qui ne devait pas être très convaincant, et s’engagea dans le long couloir qui menait au hall d’entrée de la demeure. Basile se sentit quelque peu soulagé de se ...
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