1. Derrière la pluie


    Datte: 26/08/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Gaed, Source: Revebebe

    ... dernière était datée de deux mois plus tôt, au début de l’été.
    
    Il jeta la lettre, l’irritation le gagnait, de quoi parlait-elle à la fin ? Il ne comprenait rien à cette peur qu’elle ressentait. Il n’avait jamais été l’enfant qu’elle décrivait. Il se débarrassa des embarrassantes missives. Des documents formaient encore une petite pile : des prescriptions diverses, du Deroxat, du Lexomyl. Des choses qui font dormir, et encore d’autres.
    
    Et puis il y avait cette coupure de journal daté du 15 Août dernier.
    
    Il roula le papier en boule et le jeta contre un mur.
    
    Il pouvait sentir les choses, ses mains étaient capables de les tenir, d’activer ce qui devait l’être, de mettre en marche. Ses pieds touchaient le sol, son corps saignait. Comment aurait-il pu être mort ? Ça n’avait pas de sens. Mais rien depuis des jours n’en avait.
    
    Il appela sa mère, une fois de plus, tacha de se faire entendre, sans succès. Même supplication, même résultat. Elle ne l’entendait pas.
    
    Il appela Mlle S au travail, pas mieux.
    
    Il appela les pompiers, rien d’autre qu’une voix dans le vide.
    
    Il ouvrit une porte fenêtre, passa sur la terrasse, contempla la ville qui séchait lentement sous le soleil de septembre. Ses cris ne rencontrèrent aucun écho. Personne ne le voyait. Personne ici-bas.
    
    La nuit vint.
    
    Il resta assis un long moment devant la télévision, l’esprit vide. Prendre une décision lui semblait une tâche insurmontable. Le mieux était de se cantonner à ce qu’il avait prévu : ...
    ... attendre.
    
    Il avala les cachets ; ne rien faire qui brise la routine, attendre la bonne heure. Le sommeil s’installa doucement, lui laissant le temps d’actionner le caméscope et revenir dans le canapé. Il savait y faire avec lui, c’était un animal qu’il avait appris à dompter toute sa vie. Dans son cas, ça n’avait jamais été un ami. Cela il s’en rappelait bien.
    
    Ça vint d’un coup, une vague de fatigue aux reflets cliniques l’emportant sans qu’il ne s’en rende compte.
    
    Il aurait fallu de la lumière, mais il n’y avait que la nuit, une lourde et épaisse tenture opaque, comme l’intérieur d’une cape. À force il finissait par s’habituer à ce sentiment de chute perpétuelle. Rien qui ne l’entrave, rien qui ne le retienne. Pour la première fois il ne s’y sentait pas mal à l’aise, comme s’il avait prise sur le flou absolu de son rêve. Cela ne ressemblait à rien parce que ça n’était rien. Il se trouvait à l’intérieur de lui, conscient en son âme. Il n’y avait pas de phare braqué, il était derrière la scène des rêves, par delà le théâtre des cauchemars, dans les coulisses de l’existence, il savait ne pas se tromper cette fois.
    
    Il le sentait intuitivement, la clé était dans ce songe absurde et répétitif jusqu’à l’abrutissement. En découvrir le nœud pourrait changer son existence. Son âme tentait de lui faire passer un message. Il était réceptif, le resterait des années entières s’il le fallait. Mais cette nuit, il se passait quelque chose de particulier, la vision qu’il en avait, ...