Au Canada - Histoires de Sexe

Au Canada

... demi-heure avant le repas, je mets les pommes de terre.

Quand les convives commencent à s’installer, je prélève une bonne partie du bouillon brûlant et y ajoute une bonne dose de vermicelle pour quatre minutes d’ébullition : potage en entrée. Angèle est la première à goûter avec curiosité et secoue la tête, les autres font « Hummm !… ». Premier bon point. Ensuite je prépare des assiettes avec un os à moelle, un éventail de viandes et de légumes. Autant dire des assiettes pour adultes ! Nous avons mis sur la table de la moutarde, du sel et bien sûr l’inévitable ketchup. À ma demande, Angèle a fait griller des tartines, et je montre comment déguster la moelle étalée sur le pain et légèrement salée. Étonnement et ravissement. Puis on attaque ces morceaux fondants, ces légumes goûtus et à la bonne tenue. Je donne l’exemple en suçant les os de la queue, tout le monde rit et se régale. Au point que je dois apporter la marmite à table pour presque la terminer, sauf le bouillon qui sera encore servi le lendemain. Au fur et à mesure du repas, Angèle explique à ses pensionnaires que c’est moi qui ai composé et réalisé ce dîner vraiment français.

— Yes, the true « pot-au-feu », insistai-je. But Angèle helped me a lot because of my arm ! And now, she knows how to do it.

La tarte aux pommes est le couronnement du repas, fine, légère, croustillante, un délice. Angèle est ravie.

— Surtout, tu ne leur dis pas qu’ils ont mangé de la viande pour chien.
— Bien sûr que non, n’aie ...

... pas peur.
— Ce qui est formidable, c’est que ce repas de roi ne me coûte que la moitié de celui d’hier.
— Toi, tu avais acheté les légumes en sachets et les crêpes toutes faites, non ?
— Oui, bien sûr, tout le monde fait ça ici…
— Nous ferons d’autres repas économiques, je te le promets. Tiens regarde, il reste encore un peu de viande ce soir et un peu d’hier soir. Demain tu feras un hachis parmentier.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Monsieur Parmentier est l’homme qui a rapporté la pomme de terre d’Amérique en France.
— Ah bon ? Vous n’aviez pas avant ?
— Eh non.
— Mais comment faisiez-vous ?
— On faisait sans… Tu sais faire une purée ? Éplucher les pommes de terre, les faire cuire dans l’eau une demi-heure, les écraser avec du beurre et du lait.
— Oui… je crois… Ici on achète des sachets.
— Chez nous aussi, mais ce n’est pas très bon. Dans un grand plat, tu mets une couche de purée, une couche des restes de viande hachés et une couche de purée.
— Un burger de purée ?
— Si tu veux. Tu saupoudres de gruyère râpé…
— Qu’est-ce que c’est le « grouillère » ?
— Un fromage avec des trous.
— Nous n’avons pas…
— Alors du vieux cheddar râpé et tu mets au four jusqu’à ce que ce soit doré dessus. Avec un potage, ton dîner de demain est fait, sans rien dépenser, sauf le fromage.
— Formidable, tu es formidable.

Son gros baiser sur la joue me fait extrêmement plaisir. Nous discutons encore longuement, elle de sa longue vie, moi de la mienne bien plus courte, de mon père et de ...