La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... embrasser et d’en goûter les délices avec ma langue.

Jamais je ne me suis retrouvé dans une telle situation. Je suis torturé. Elle est évidemment infiniment désirable, mais elle me propose quoi, en fait ? De l’utiliser comme un sex-toy en chair et en os ? Je ne sais pas faire, et, surtout, ce n’est pas ma conception du sexe ni ma vision des femmes. Mais d’un autre côté, celui d’en bas, dans mon boxer, se dit qu’une occasion pareille ne se reproduira jamais et que je devrais sauter dessus. Une fois de plus, je suis perdu, je n’ai pas le mode d’emploi, ou alors je suis trop vieux, c’est trop pour moi. Je panique.

— Non, m’entends-je répondre.
— Putain, mais c’est quoi ton truc ? C’est quand, la dernière fois que t’as baisé ? Tu t’es vu ? Depuis quand tu craches sur la marchandise, hein ? Tu veux savoir ce que les vieux de ton âge donnent pour me sauter ? Et toi, tu dis non ? Mais t’es qui pour dire non ? Je suis pas assez bandante, c’est ça ? Oui, bien sûr, couille molle est de retour et n’est plus bon à rien, c’est ça ? Parce que bander, c’est pas donné à tout le monde, il faut être un mec, un vrai, pas un sac à gnôle qui ne fait que fuir et picoler.

Je suis complètement sonné, non, anéanti. D’un côté, elle est là, terriblement fragile, et puis, l’instant d’après, elle déverse sa bile avec cette vulgarité outrancière. Non, je ne capte décidément rien, ce n’est vraiment pas mon truc. Si jeune et déjà tant de colère en elle, pourquoi m’agresser de la sorte ? Et baiser ...

... juste pour me remercier, inimaginable, je ne suis pas comme ça. Et puis, son âge, il me fait penser à…

— Non, je dormirai sur la banquette, dis-je en allant chercher une couverture dans le coffre du dessous.
— Là, c’est le pompon, fulmine-t-elle. Vas-y, casse-toi, c’est ce que tu fais de mieux.

L’atmosphère a soudainement viré au froid polaire. Je ne comprends plus. Comment peut-elle passer si vite du tout au rien ? Décidément, quelle journée ! Météo France était très en deçà de la vérité. C’est un véritable ouragan que je me prends de plein fouet, balayant toutes mes certitudes et habitudes sur son passage. Elle me fait passer des sommets aux abysses, aux antipodes de la vie que je me suis choisi. Demain elle sera partie, cela me ravit, mais m’afflige à la fois.

Je me réveille tôt. Quant à elle, elle est toujours au pays des rêves, ou des cauchemars, qui sait. De sa tête dépassant de la couette émane un air angélique. Elle est troublante, je remonterai bien sa mèche de cheveux qui lui barre le visage, mais je m’abstiens. Je me contente de la regarder dormir. Quelle jeune femme étrange, à la fois apaisante et explosive, fragile et féroce, incarnation du yin et du yang. Qui sera-t-elle au réveil ?

Je me lève, sors en essayant de faire le moins de bruit possible et vais à la boulangerie. De retour, ne sachant que faire, je me prépare un café le plus silencieusement possible. Elle ouvre un œil en s’étirant et en bâillant.

— Bonjour. Bien reposée ? Ce matin, c’est ...