La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... demande de monter, sur le coup, j’ai trouvé ça louche.
— Vous m’avez pris pour un tueur psychopathe ?
— Non, pour un gros pervers.

Merde, celle-là, je ne m’y attendais pas.

— Je vous rassure, vous ne craignez rien. Mais pourquoi avoir changé d’avis alors ?
— Tu n’as pas insisté lourdement, comme un gros beauf, et j’ai vu tes yeux, ton regard n’a rien de lubrique. C’est que maintenant, j’ai vite fait de les repérer, ces vieux cochons d’obsédés.

Au moins, c’est clair et direct. Pour tout dire, cela me déstabilise. Je n’ai pas toujours été comme ça, mais depuis le temps que je vis seul dans mon camion, toujours par monts et par vaux, je ne suis plus qu’une caricature de vieil ours solitaire et grincheux. Sur ce, je redémarre et change de sujet de conversation pour masquer mon trouble :

— Si vous voulez vous sécher, passez à l’arrière, vous trouverez une serviette dans le coffre au-dessus de la banquette. Désolé, je n’ai pas grand-chose d’autre à vous offrir.
— Merci beaucoup, dit-elle en se levant et en prenant son sac.

Une fois passée, je ferme le rideau isolant la cabine et me focalise de nouveau sur la route.

— Toutes mes fringues de rechange sont trempées, tu n’aurais pas un truc à me prêter ?
— Farfouillez dans les placards et prenez ce que vous voulez, même si je doute avoir quelque chose vous allant.

La pluie redouble de virulence, je me reconcentre rapidement sur le ruban noir qui se déroule devant moi.

— Je ne trouve rien.
— ...

... Attendez…

C’est que je ne peux pas m’arrêter n’importe où. Je roule jusqu’à trouver une échappatoire, une aire pour bus scolaire apparemment. J’ouvre le rideau et…

Oh putain ! Non, je n’ai rien dit, juste pensé. Elle est là, derrière, nue comme un ver. Je détourne rapidement la tête.

— Désolé, je ne voulais pas, bredouillé-je.
— Tu vas pas faire ta chochotte, non ? J’espère pour toi que t’as déjà vu des femmes à poil. Il n’y a pas mort d’homme, ni de femme d’ailleurs, hein, juste pour l’égalité. Allez, on se détend, ajoute-t-elle en rigolant.

Évidemment, la cinquantaine passée, ce serait diablement triste si je n’avais jamais vu de fille nue, mais c’était il y a si longtemps. Pour le coup, ce n’est plus déstabilisé que je suis, mais complètement déboussolé. Je prends sur moi et, fébrile, me dirige directement vers un placard. Je dois bien avouer qu’en passant, je la reluque du coin de l’œil, juste un peu, un tout petit peu, enfin, pas trop quoi. Et alors, où est le mal ? Verdict ? Elle est canon, c’est clair. Bon, je le confesse, pour le vieux barbon que je suis devenu, toute jeunette bien fichue est ravissante. Je finis par lui trouver une chemise de flanelle douillette, néanmoins bien trop grande, et un gros pull à col roulé qui lui fait office de mini robe. J’ai bien un jean, mais je crois que c’est sans appel. Je le sors quand même pour lui montrer. Elle s’esclaffe, un rire franc, presque enfantin, qui d’un seul coup vient embraser l’atmosphère, distillant une chaleur ...