La Reine Léa et le Nain (1) - Histoires de Sexe

La Reine Léa et le Nain (1)

Le vin coulait sur le visage de l’invité dans un silence soudain, interrompu par le bruit de quelques gouttes s’écrasant sur le sol de pierre. Et une stupeur générale saisit l’assemblée qui ne put retenir une plainte d’effroi. La cour fixait d’un air outragé celle qui venait de faire un affront royal à l’héritier de la couronne la plus puissante du continent. Et probablement ruiner une alliance plus que bienvenue ; le tout, d’un seul geste de poignet.

Mais la Reine Léa n’en avait que faire. Son regard plein de défi toisait la cour et les vassaux présents comme s’ils n’étaient rien. Mécaniquement, elle replaça le lourd orfèvre qui trônait sur sa chevelure blonde, pour rappeler à tous ces fils de qu’elle était la seule et unique réelle autorité en ces lieux. Et ses yeux bleus se plantèrent comme des lames acérées dans la foule, menaçant celui qui oserait ouvrir la bouche.

Elle avait rêvé de cet instant où défier l’héritage paternel et traditionnel des mariages politiques deviendrait non seulement possible, mais aussi plus que jamais nécessaire. Léa avait beau avoir du sang bleu, son caractère était, lui, rouge sanguin.

Déjà haute comme trois pommes, elle avait mis au tapis bien de ses congénères qui lui avaient un peu trop rappelé qu’elle n’était qu’une fille. Elle avait grandi dans un environnement très masculin, mais avait pourtant fait une si forte impression que personne ne l’osait l’appeler « princesse ».

Volontiers tyrannique avec les puissants, elle se ...

... faisait aimer de toute la plèbe pourtant si haïe par tous ces aristocrates qu’elle détestait profondément. Lors de son couronnement, défilant dans un manteau carmin qui lui allait bien au tempérament, le cortège ne rencontra que des acclamations. Et nul ne lança de tomate sur l’attelage, comme il était d’usage. Arrivant devant la cathédrale, sa stature athlétique, son allure distinguée et sa beauté presque surnaturelle lui avaient plus facilement ouvert un chemin dans la foule que l’empressement des gardes.

Elle avait assis son pouvoir tant sur le respect que sur la peur. Et même si elle se devait d’honorer la parole de son père qui l’avait promise à un homme qu’elle ne voulait pas, elle comptait bien décharger toute son aigreur sur les artisans de cette farce. Et cela commencerait par celui qui allait devoir lui faire office de mari.

Steiner essuya le vin de son visage d’un revers de manche et ses yeux fixèrent la table stoïquement, l’esprit paralysé par la surprise et la tempérance qui faisait partie de ses nombreuses vertus. Son honneur était à présent aussi taché que la nappe.

Il n’avait jamais eu de chance. Né d’une grande lignée, il avait hérité d’une forte petite taille qui en avait fait la risée de sa fratrie. Et même s’il était le plus cultivé et fin orateur de son royaume, jamais on ne le considérerait comme l’égal d’un autre homme. Alors il s’était entouré d’une aura d’espièglerie et d’un tempérament sournois qui avaient fait sa renommée.

Les deux royaumes ...