Quarante méduimètres
Datte: 14/08/2022,
Catégories:
fantastiqu,
amour,
revede,
caresses,
Oral
conte,
Auteur: Serafin, Source: Revebebe
... d’encre renversée.
Il reviendra, se dit Mélisse en pétrissant énergiquement la pâte à pizza. Il reviendra.
La pâte repose, monte, et monte encore. Pas trace de méduine à la porte de l’appartement. Le froid qui règne à nouveau n’incite pourtant pas à flâner. Étaler la sauce tomate. Râper le fromage. Mélisse agit par automatismes. Ne pas se poser de questions. Olives. Mozzarella. Il adore l’authentique mozzarella di buffala. Ne pas s’inquiéter. Câpres. On sonne à la porte. Sur le seuil flotte le petit méduine, plus bleu que mauve.
— Salut Mélisse. Excuse-moi, pour tout à l’heure.
— T’inquiète pas, c’est moi. C’était… inapproprié.
Mélisse ne peut s’empêcher de sourire tant le mot est lui-même inapproprié pour décrire ce qu’elle ressent.
— J’étais sur le point d’enfourner des pizzas. Entre, tu sais où laisser tes jambières mouillées.
Mélisse savoure sa part de Margherita, installée dans le canapé, en regardant A’oy se poser délicatement sur la sienne. On peut presque voir la pizza disparaître à travers le chapeau translucide.
— Dis, si tu embrasses un autre méduine, tu ne risques pas de le digérer ?
Le tressautement soudain du chapeau d’A’oy indique son fou rire.
— Tes muqueuses buccales absorbent bien le sucre sans que tu n’absorbes celui qui t’embrasse, s’amuse le méduine. Mais il n’y a pas vraiment la notion de s’embrasser ou faire l’amour chez nous, c’est la même chose.
— Ça semble très doux.
— Ça l’est, méduit A’oy, un tentacule glissant ...
... doucement sur la joue de Mélisse pour remettre en place une mèche de cheveux. L’amour humain semble bien plus brûlant, continue-t-il.
— Ça l’est, souffle Mélisse, oubliant qu’il ne peut l’entendre.
Le tentacule descend de son oreille vers sa joue, frôle le coin des lèvres. Un second tentacule rejoint la joue opposée, caresse les cheveux, se glisse derrière sa nuque. Mélisse attire à elle le méduine, pose son front contre le chapeau, savoure le toucher frais et lisse. La fumée du brûleur d’A’oy lui pique les yeux. Un regard. Un hochement. Mélisse souffle le brûleur et retire lentement les suspentes du haut des tentacules.
Privé de moyen de vol, A’oy entame une lente descente vers le buste de Mélisse. S’y pose. Presse doucement, de sa force tentaculaire, la nuque et le cou qui s’offrent à lui. Mélisse s’abandonne instinctivement, lascivement. Les tentacules frôlent sa mâchoire, remontent, hissant A’oy au niveau de son visage. Deux yeux bruns chocolat rencontrent quelques yeux d’onyx. Enfin. Mélisse sourit. Un tentacule aventureux glisse vers ses lèvres, en parcourt le contour. Se faufile entre les lèvres entrouvertes. Court le long des dents, franchit l’obstacle. Et vient jouer avec la langue. Rose et mauve, papilles et ventouses s’enlacent, s’entremêlent. Mélisse découvre la fermeté du tentacule, le velouté des ventouses, l’harmonie du ballet qu’ils sont en train de danser.
Un second tentacule rejoint le premier, s’amusant d’une langue qui ne sait plus où donner de la tête. ...