Quarante méduimètres
Datte: 14/08/2022,
Catégories:
fantastiqu,
amour,
revede,
caresses,
Oral
conte,
Auteur: Serafin, Source: Revebebe
... est incroyable, se dit Mélisse en regardant du coin de l’œil le petit méduine. Parce que ce petit ne peut produire d’électricité, il va sûrement mourir…
Il faut savoir que les jeunes méduines ne produisent pas d’électricité avant d’avoir atteint leur taille adulte. Grandir leur demande une énergie considérable. Une fois la taille adulte atteinte, cette énergie disponible se traduit en électricité, qu’ils peuvent dispenser comme bon leur semble. La tension qu’ils peuvent fournir est directement proportionnelle à leur taille. La plupart des méduines faisant entre quatre-vingts et cent centimètres, la tension minimale des appareils électrique actuels a été fixée à quatre-vingts méduimètres.
La jeune femme franchit enfin le seuil du marchand de bois. Le vendeur, Olric, est un vieil ami de son père. Il la regarde avec un large sourire ôter sa chapka givrée et libérer une touffe de cheveux noirs crépus.
— Comment va, demoiselle ?
— Je n’arrive toujours pas à réparer la montre du grand-père. J’ai bricolé un convertisseur avec deux-trois restes, mais j’ai seulement réussi à brûler la surface de mon établi.
Olric lui adresse un sourire amusé. Ses yeux d’un bleu très pâle pétillent étonnamment dans le visage buriné.
— Tes yeux sont restés ceux d’un jeune homme, Olric.
— Puisses-tu dire vrai, demoiselle ! Mais ils ne voient plus comme avant… Enfin, ce ne seront au moins pas eux qui me tueront. Les méduines gardent ce privilège.
Il fait un signe de main vers la ...
... fenêtre. Au bout de la rue, le banc de méduines s’efface dans le blizzard.
— Que veux-tu dire ?
— Les yeux des méduines sont la cause de leur mort. Les méduines ont de tout petits yeux à la naissance, de tous petits yeux qui ne grandissent pas proportionnellement à leurs corps. C’est avec l’âge que leurs yeux grossissent. Ils grossissent jusqu’à ce que les nerfs optiques à l’arrière des yeux se touchent et fassent un court-circuit. Et hop ! Un méduine grillé à point. Ton père ne t’a donc rien appris ?
Mélisse regarde le vieil homme d’un air horrifié.
— Garde mon cabas, je reviens tout de suite.
Une silhouette aux cheveux noirs ébouriffés, sans chapka malgré le froid, remonte les ruelles à toute vitesse, tourne à l’angle de la boutique de torches, retrouve la rue. Vide. Les méduines ont disparu à l’horizon. Mélisse continue à marcher, scrutant les ruelles perpendiculaires et les encadrements des portes. Vides également. Merde, merde. Les façades à large porche succèdent aux petites entrées des boutiques. Dans l’encoche du mur ! Le petit méduine de tout à l’heure flotte à peine, ses tentacules dans la neige le soutiennent autant que son brûleur presque éteint. Pourvu qu’il ne soit pas déjà gelé.
L’humaine s’approche prudemment et sort les mains de ses poches doublées pour méduire. Méduire, c’est communiquer en une langue des signes commune aux méduines et aux humains. L’invention de cette langue a permis le commerce, et donc la cohabitation entre les deux ...