En province - Histoires de Sexe

En province

... meilleurs produits. Un jour, on m’envoie au Ritz, dans une suite. D’entrée, je manque de tomber à la renverse : un mec beau comme un dieu, un peu buriné, tempes grisonnantes, tu vois ? Tabarly plus plus plus ! Il me dit qu’il voudrait un parfum exceptionnel pour offrir à une femme d’exception, classique. « Elle vous ressemble beaucoup, ajoute-t-il, alors choisissez pour moi ». J’en tremblais. Bien sûr, je lui refile le plus cher des parfums dans le plus cher des flacons. Il me refile un chèque en disant : « Vous le remplirez vous-même, n’oubliez pas votre commission ». Ça, on ne me l’avait encore jamais fait. Et puis il se met à discuter, de tout, du temps, de Paris, de moi, de mon boulot. Il commande une bouteille de Dom Pérignon…
— C’est quoi, ça ?
— Le plus cher, mais le meilleur des champagnes. On trinque, il me demande si j’ai des moments de liberté, je lui fais penser à sa Dulcinée, tout ça. Bref, me voilà embobinée, les pattes en l’air et ce Monsieur en train de prendre son pied sur mon ventre. On se revoit, plusieurs fois, dîner chez Maxim’s, et tout et tout. Je tombe folle amoureuse. Un peu conne, pas trop d’expérience, j’ai vingt-deux ans et lui quarante-cinq. J’en parle à Géraldine, mon aînée et ma confidente, qui me dit « Méfie-toi, il est trop vieux pour toi, il s’amuse avec toi », etc.
— Et alors ?
— Moi je m’en fous, je suis au paradis. On sort, on baise, il me fait des cadeaux, il s’en va pour ses affaires, mais il me téléphone sans cesse, même au ...

... boulot, en me racontant des cochonneries qui me font rougir et mouiller. Quand il revient c’est de la folie douce, puis arrive ton anniversaire. À cette époque, je ne voulais surtout pas manquer un anniversaire de mon filleul.
— Et maintenant ton amant, aussi !
— Chut, j’ai honte. Je pars donc chez vous avec des p’tits cadeaux, parfum pour ta mère, eau de toilette pour ton père, facile j’ai des réducs, et je ne sais quel jouet électronique pour toi. On fait la fête, assez calmement, et puis Géraldine me dit le lendemain : « Tu sais, moi aussi je suis amoureuse, tu voudras bien dire qu’on a passé la journée ensemble ? En plus, on dîne avec lui ce soir, c’est un ami d’Edmond ! » C’était pas bien, mais c’était ma sœur. Et vers quatorze heures, une grosse limousine noire s’arrête devant la maison. Bizarre, je suis déjà montée dans la même. Géraldine sort comme une folle, un mec sort de la bagnole, baise-main appuyé et la fait monter. C’était MON mec. J’ai hurlé comme une bête blessée. Putain la salope, le salaud ! C’était pour elle le parfum, elle avait donc l’antériorité. Elle s’est tirée avec lui, il s’est bien amusé avec moi, grand bien leur fasse. J’ai laissé un mot incendiaire sur sa coiffeuse et je suis rentrée ici, pleurer toute seule.
— Je ne pouvais pas deviner ce scénario incroyable… En plus on ne me disait rien des histoires d’adultes.
— Bien sûr et heureusement parce que ce n’est pas toujours très joli. Elle m’a appelée, évidemment, je lui ai dit tout le mal que je ...