En province - Histoires de Sexe

En province

... m’ennuyer…

Elle manie fort l’ironie, Béa. Mais c’est vrai qu’elle n’arrête pas du matin au soir, c’est vrai qu’elle a horreur de cette cuisine ouverte, une hérésie de maman qui ne cuisinait pas sauf au micro-ondes. C’est vrai que Béa n’achète que du frais, du bio, et qu’elle passe des heures à peler, émincer, mijoter. Elle aime ça et il faut avouer que c’est vachement bon. Oui, mais voilà, elle ne bosse plus, elle est devenue dépendante, et elle ne supporte pas que mon père fasse une allusion qui sous-entende que lui travaille et pas elle. De la faute à qui ? C’est lui qui a voulu qu’elle s’arrête pour ne pas mettre le souk dans sa boîte. Une façon aussi, je pense, de ne pas recommencer les erreurs du passé, quand son meilleur ami a embauché maman pour ensuite se tirer avec elle.

— Mais c’est bizarre, reprend Béa, ça pue toujours autant, même en aérant, même en changeant les draps.

Et la voilà qui fouine partout, à quatre pattes, son beau cul dodu pointé en l’air, ses nibards en ballottage. Ça y est, je bande à nouveau. Sa jupe remonte quand elle se baisse, et ses cuisses charnues se creusent sous l’effort, marquant tous ses muscles, c’est vachement excitant, comme les nanas des pornos qui se font trousser en levrette. Elle vient vers moi.

— Tu permets ?

Je me pousse sur ma chaise à roulettes, elle plonge sous mon bureau.

— Ah ben voilà, c’est ta poubelle qui pue la mort !
— Je… je sais pas, peut-être… une vieille peau de banane, sûrement ?.
— Ouais, je ne ...

... vais pas faire le tri, je vais mettre ça dans un sac et le coller dans la rue. T’es qu’un porc !

Je me la ferme. Il y a à peu près la moitié d’une boîte de Kleenex dans ma corbeille, dont les trois quarts ont servi à éponger mes sécrétions devant les clips pornos. J’aurais dû me douter que ça allait puer. Je ne l’ai pas senti, trop habitué peut-être. Elle revient avec ma poubelle vide et lavée, puis s’assoit sur le lit.

— Jérôme, faut qu’on parle.
— Ouais, de quoi ?
— De toi…
— Pas grand-chose à dire, tu sais, j’ai encore des super-résultats ce trimestre et…
— Oui, je sais, et le bac c’est dans la poche, du moins j’espère. Non, c’est pas de ça, de toi en tant que personne.
— Encore moins à dire. Je ne sors pas, je ne fais pas la fête, je ne vous emmerde pas…
— C’est tout à fait vrai, mais justement. Ça m’inquiète un peu. Tu n’as pas de copains, de copines ?
— Si, bien sûr, je m’entends bien avec tout le monde. Mais tu sais, les soirées fumette ou picole, c’est pas trop mon truc. Et puis t’imagines papa si je rentrais bourré à quatre heures du mat’ !
— Mouais, je ne sais pas s’il t’entendrait. Enfin ça c’est autre chose. Mais les copines, pas de petite amie ?
— Non… Enfin j’en ai eu, mais… ça n’a pas duré… ça ne dure jamais très longtemps, elles changent de mecs tout le temps… je crois qu’elles les essayent tous les uns après les autres…
— Et elles t’ont… essayé ? Je veux dire… enfin tu vois.
— Non.
— Les autres non plus ? Elles couchent avec d’autres ou pas ...