En province - Histoires de Sexe

En province

... tien.
— Ça, c’est certain. Ouais, j’ai pris du galon. Je suis responsable régionale des ventes de mon parfumeur préféré, pour toute l’Île-de-France. Autant te dire que c’est déjà là qu’on fait le plus gros chiffre et qu’il y a autant de magasins que dans tout le reste du pays. Alors ? C’est pour qui les belles primes ? Pour Bibi, la petite vendeuse sans diplôme et sans avenir. Je pense que sur la fin de l’année, je vais me faire deux fois plus que ton paternel, na-na-nère !
— Super ! Et toujours pas mariée ?
— T’as reçu un faire-part ? Alors non. Même pas maquée ! Oups, pardon mon neveu.
— Vas-y, pas de souci, j’ai dix-huit ans. Et les insanités, j’en dis ma dose, « sôôôf devant pêêêêre, bien sûr !
— Ha-ha-ha ! Je m’attendais pas à trouver… quasiment un copain, pas de mon âge, mais presque. T’es devenu tellement grand et balaise, tu fais bien vingt-cinq piges.
— C’est le rugby. Le rugby et la bonne bouffe de Béa, bio cuisiné maison, à l’engrais comme un p’tit goret.
— Ah ! Là ! Je ne ferai pas le poids. La cuisine et moi, ça fait deux. Mais tu verras, il y a une vingtaine de restos sympas dans les cent mètres autour de chez moi. Eh, attends ! On ne va pas prendre le métro qui pue, on va se prendre un taxi. Déplacement professionnel, j’ai une carte !

Toujours aussi fofolle, mais contente de l’être et, finalement, en pleine réussite. Et puis elle est vachement jolie, aussi jolie que ma mère, et c’est plaisant d’avoir cette jolie femme accrochée à mon bras et collée ...

... tout contre.

— Au fait, t’as pas de valise ?
— Non, tout dans le sac à dos, pourquoi ? J’ai pensé que dans le métro ce serait plus pratique…
— Sûr, mais t’as un costard dans ton Lafuma ?
— Ben non, un jean propre, des T-shirts, des boxers…
— Bon, taxi, déposez-nous aux Champs, s’il vous plaît… Y a que là que les boutiques sont ouvertes le dimanche.

Champs-Élysées, un monde fou. J’ai presque du mal à suivre le trottinement intense de ma demie-tantine. Elle m’emmène droit dans une boutique de luxe (y en a-t-il d’autres ?) presque à côté de l’un de ses magasins.

— Tu vois ? C’est là que j’étais il y a encore six mois… Bonjour Monsieur.
— Oh Madame, ravi de vous revoir. Comment allez-vous ? J’ai appris votre fulgurante ascension par le voisinage. Félicitations.
— Merci. Je vous présente mon neveu que j’aimerais bien équiper de pied en cap. Chemise, costume décontracté, mais chic, chaussures confortables, mais élégantes.
— Pas de problème. Si vous voulez bien ôter votre blouson, Monsieur, que je prenne vos mensurations…

Il me mesure un peu partout, marmonne des tailles qu’il reporte sur un calepin, claque des doigts et deux petites mains accourent et reviennent chargées de housses de vêtements. Corvée d’essayage, pas trop longue cependant parce que les tailles sont au cordeau et Gwen se décide vite. Elle retient une série de chemises blanches à cols longs, deux identiques, mais bordeaux et marine, un costume vert foncé légèrement moiré et le même en gris clair. ...