Rue Férou - Histoires de Sexe

Rue Férou

... esprits, elle déclina poliment les offres de nos sauveteurs. Ceux-ci n’insistèrent pas, et elle me prit par la main pour m’entraîner tout dégoulinant d’eau vers l’escalier qui débouche au pied de la statue d’Henri IV.

Un quart d’heure plus tard, à peine moins ruisselants, nous entrions dans le minuscule studio qu’elle occupait sous les combles d’un vieil immeuble de la rue Férou. Rue Férou ? Quand je vis la plaque au passage, le nom me dit vaguement quelque chose… Mais impossible de me rappeler de quoi il s’agissait ! Je ne cherchais d’ailleurs pas trop et n’allais pas m’y mettre, car Danielle m’annonça tranquillement que si je voulais me sécher, il valait mieux que je me déshabille… Puis elle fit glisser par la même occasion sa robe par-dessus sa tête.

Entre notre baiser raté, notre plongeon, la façon dont elle m’avait pris la main pour ne jamais la relâcher pendant notre parcours de la Seine à la rue Férou, sans oublier l’épisode des coulisses et le soutien-gorge qu’elle était en train de dégrafer, c’était beaucoup trop pour moi. Jusqu’à ce soir-là, avec les filles, je n’étais jamais allé très loin… Quelques baisers mouillés, des pelotages furtifs dans l’obscurité d’une salle de cinéma… Mais, par maladresse ou manque d’audace, rien au-dessous de la ceinture. C’est dire que lorsque je la vis retirer sa culotte alors que je n’avais pas encore commencé à déboutonner ma chemise, je fus au bord de la panique. Elle était nue maintenant, triomphante, nue, et aussi ...

... belle que les statues de Maillol que Malraux fit installer aux Tuileries. Tout en se séchant avec une serviette prise je ne savais où, elle me regarda en souriant.

— Qu’est-ce que tu attends ?

Qu’attendais-je en effet ? Il y avait longtemps que je rêvais d’un moment pareil, mais c’était plus fort que moi, j’avais honte ! J’avais honte de moi, honte de penser qu’elle allait me voir bander comme un malade, honte d’avoir l’air ridicule, honte de me dire qu’elle allait peut-être trouver mon sexe trop gros ou au contraire trop petit, trop court ou trop long, pas assez cela et trop ceci… Honte surtout de ne pas savoir comment m’y prendre. Dans ma tête, c’était le grand remue-ménage. Ce que j’avais lu, entendu et imaginé, tout se mélangeait, se bousculait, s’enchevêtrait. Ce n’était pas une tempête sous un crâne, c’était pire et plus ordinaire : un monstrueux foutoir qui m’ôtait le peu de moyens que j’avais et qui me faisait rester là, immobile en face d’elle, les bras ballants, incapable de penser et encore moins d’agir.

— Tu veux que je t’aide ?

Elle s’approcha en souriant, sa serviette à la main. Je répondis que non et entrepris de déboutonner ma chemise… Ce qui n’alla pas tout seul tant j’étais nerveux. Déboucler ma ceinture et baisser mon jean ne me posèrent pas trop de problèmes. Arrivé au slip, je me tournai vers la porte. En commençant à me frictionner avec sa serviette, elle m’attira contre elle.

— T’es vraiment trop chou… Allez, tourne-toi que je t’embrasse ...