1. 0303 Sur les chapeaux de roues.


    Datte: 13/05/2022, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... pense que tu as compris désormais, je plaisante.
    
    — Ouais ! Je te remercie de m’avoir fait réaliser à quel point le langage peut être homophobe sans même qu’on s’en rende compte.
    
    — Je n’avais aucun doute sur le fait que tu es un garçon intelligent. Hétéro, mais intelligent, je plaisante.
    
    — Je suis un mec de gauche, alors je me dois de défendre toutes les minorités et toutes les différences. Mais je veux juste savoir un truc, ok ? il enchaîne après une petite hésitation.
    
    — Quel truc ?
    
    — Je voudrais savoir si… tu…
    
    — Quoi donc ?
    
    — Est-ce que tu es attiré par moi ? » il accouche enfin.
    
    Me voilà pris au dépourvu. Je ne m’attendais pas à une question aussi directe. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre et à quoi il s’attend comme réponse.
    
    Comment lui expliquer que je le trouve très séduisant mais que je ne lui sauterai jamais dessus ? Car le « risque » de ce genre d’explication est double. Qu’il prenne mal le fait que je le trouve séduisant, ou qu’il prenne mal le fait que je le trouve séduisant… mais pas assez pour lui sauter dessus !
    
    « Raph, tu es un gars très charmant, mais je te considère comme un pote, je finis par jongler.
    
    — Tant mieux, parce que je suis 100% hétéro !
    
    — Ça, j’avais cru comprendre, oui ! je le taquine.
    
    — C’est juste pour que les choses soient claires, je ne veux pas qu’il y ait d’ambiguïté et des non-dits entre nous.
    
    — T’inquiète, il n’y en a pas. De toute façon, je ne suis pas célibataire.
    
    — T’as un mec ? il ...
    ... semble s’étonner.
    
    — Oui !
    
    — Ici à Bordeaux ?
    
    — Non, il est à Paris.
    
    — C’est cool… enfin, c’est cool que tu aies un mec, mais pas cool qu’il soit aussi loin…
    
    — C’est vrai, la distance complique les choses. Mais nous avons passé toutes les vacances de fin d’année ensemble dans les Pyrénées.
    
    — Il s’appelle comment ?
    
    — Jérémie.
    
    — Et il fait quoi dans la vie ?
    
    — Il est rugbyman pro dans un club à Paris.
    
    — Le Stade ?
    
    — Non, son petit frère, le Racing. Il débute.
    
    — C’est déjà pas mal pour débuter. Mais dis-moi, tu n’as jamais essayé avec une nana ? il enchaîne sans transition.
    
    — Non, jamais.
    
    — Et ça ne t’a jamais chatouillé l’esprit ?
    
    — Non, parce qu’aussi loin que je me souvienne, j’ai été attiré par les mecs. Coucher avec une nana, ça ne m’a jamais rien dit.
    
    — Comme moi de coucher avec un mec…
    
    — Chacun ses préférences. On ne choisit pas ses goûts…
    
    — Ceci étant dit, je ne sais vraiment pas ce que vous pouvez vous trouver entre mecs… un mec n’a pas de seins, de jolies fesses, de jolies jambes, de chatte…
    
    — Je ne sais pas ce que vous trouvez aux nanas, vous les hétéros, je le prends à contrepied, une nana ça n’a pas de pecs, pas d’abdos, pas de poils, pas de bi…
    
    — Ça va, ça va, j’ai compris ! »
    
    Son malaise vis-à-vis de mes mots aussi explicites que les siens me fait sourire.
    
    Je lui raconte rapidement ma rencontre avec Jérém le premier jour du lycée, mes années passées à le désirer sans pouvoir l’approcher, les révisions ...
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