Esprit es-tu là ? - Histoires de Sexe

Esprit es-tu là ?

... pas ? Il n’y a point de sot métier. Ceci explique la bienveillance de Max depuis pratiquement le début. Faut dire que j’y mets du cœur. Si on fait, on fait ! Mon avenir d’obscure commerciale en je ne sais quoi s’estompe vitesse grand V. M’appesantir sur des pourquoi, des comment n’est pas mon genre. Hop, la chance ne passant qu’une fois, je fonce. Restent les largesses des vieilles dames à éclaircir.

Yvonne, en laissant fondre une moitié de macaron sur la langue en fermant les yeux me dit tout de go :

— Caroline, Élisée est ma demi-sœur par notre père coureur de jupons invétéré. Nous nous sommes connues à son enterrement. Ça a fait tilt et ce terrible accident à tout gâché.

Cette confidence express me rend cul-cul. Par réflexe, je dis :

— Vient-elle vous parler ?
— La première fois, j’ai cru que j’étais folle. Comme Max, comme Hypoline. Force nous a été d’admettre l’improbable. Toi, elle te voit un grand destin libertin, elle te voit faire fructifier le patrimoine que nous te confions.
— Et Hypoline ?
— Hypoline était son Edwige. Tu vois ce que je veux dire…

J’en ai tout simplement les jambes flagada des espoirs mis en moi, qu’elles savent tout sur moi. C’est vrai qu’avec mes confidences gratinées… Enfin je sais le pourquoi du comment. Je dis d’une petite voix :

— Une passation de pouvoir, en quelque sorte.
— Justement, venons-en aux choses sérieuses. Je te nomme ma directrice adjointe dans la société qui gère le patrimoine qui te concerne.

Elle me ...

... montre un dossier en me disant de le potasser, que Valérie se tient à ma disposition pour sa compréhension et coquine, elle ajoute :

— Tu me raconteras vos claques.

À sa mine réjouie, Yvonne ne serait-elle pas un peu perverse ? Elle me prend une main, se penche :

— Tu es roublarde en négociation à ce qu’il paraît. Tu auras à faire à beaucoup d’hommes, méfie-toi des femmes, c’est ton cheval de Troie.
— Faut connaître les tenants et les aboutissants de l’affaire pour négocier. Yvonne, être un cheval de Troie dans un cheval de Troie vaut la peine d’être vécu.
— Valérie te mettra en relation avec les personnes adéquates. À la prochaine assemblée générale, tu devras être prête, tu parleras à ma place.

Le lendemain, direction les bureaux de Valérie. Jouant la riche héritière hippie, je fais sensation dans l’immeuble austère. Lunettes excentriques, minijupe, que j’en ai mis un string… colliers et bracelets à deux francs six sous complètent le sac fantaisie à l’épaule. Les secrétaires se régalent déjà, celle de l’accueil me sourit :

— Salut, Caroline, je vous annonce.

Valérie n’en croit pas ses yeux de me voir accoutrée ainsi. Je me penche sur son bureau :

— Ta secrétaire admire mes fesses, ça te fait quoi ?

La secrétaire referme doucement la porte. J’admire la maîtrise de Valérie qui réprime la baffe, mais pas la parole :

— T’es une salope, se servir de mon personnel pour me gonfler…
— Tu me trouves comment ? Baisable ? me pavané-je en posant un pied sur ...