Adrian
Datte: 13/08/2018,
Catégories:
nonéro,
portrait,
journal,
Auteur: HugoH, Source: Revebebe
... Excuse-moi, face de craie, mais tu bosses dans un journal ou quoi ? trancha Nick d’une voix forte qui fit sursauter sa proie. Hein, tu es quoi, analyste politique ? Parce que si c’est le cas, tu me pardonneras de ne pas l’avoir remarqué avant. Je sais pas si c’est ton air con ou ta tronche de rouquin, mais vraiment, je n’avais pas discerné un tel potentiel chez toi.
— Je suis désolé Nick, je…
— Ne dis plus rien et écoute-moi bien, désormais, tout ce que tu vas faire, c’est moi qui vais te le dire, et ça va être absolument structurant. Chaque minute de chaque heure de chaque journée, tu appuieras sur un bouton, puis tu relâcheras la pression sur ce bouton, et puis ce sera au tour d’un autre que j’aurai bien pris soin de te désigner au préalable, histoire que tu ne te perdes pas dans quelque conjecture nébuleuse. On est en studio ici, des gens travaillent, des gens jouent de la musique. Ce concept t’interpelle ? Je veux dire, les neurones accrochent ?
Nick faisait se cogner ses deux index.
L’autre assistant souriait bêtement, même tête de rouquin, même air benêt.
— C’est valable pour toi aussi, Poil de carotte.
Adrian eut un geste d’agacement, ça ne le faisait pas rire. Michael remettait ses lunettes en ricanant, mais lui, vraiment, ça ne le faisait pas marrer.
— On reprend, MERDE, jouez vite, putain, jouez plus vite.
On repritAcceleration Group.
— Bien, hurla Nick, c’est mieux, c’est vraiment MIEUX.
*
Il traînait dans Soho. La pluie balayait les ...
... rues. Néons bruts / Joie diffuse. Des affiches deFull metal jacket et deCrocodile Dundee jaillissaient ici et là. Des gens se pressaient dans des queues interminables. Le monde continuait de tourner mais il n’y voyait que mauvais augures, une simple suspension avant le souffle dévastateur. Bordel, qu’est-ce qui débloquait chez lui ? Pourquoi ne pouvait-il se contenter de voir des êtres normaux, heureux, excités à l’idée d’aller voir un film, passer un bon moment, aller boire un verre dans un pub ? Vivre à l’abri sur une île au climat insolite, certes, mais tellement protégée des affres du monde extérieur. L’Occident, ses vertus, lui aussi y avait droit.
*
Afin de préparer les visuels deThunder Up, on leur fit faire des photos. Les flashs crépitaient comme si la foudre d’Odin frappait le sol. Ça se passait dans un appartement ultra moderne du centre de Londres. On avait baissé des persiennes sur la grande baie vitrée. Un projecteur conséquent était orienté vers le sol, rasait les jambes, transformait le parquet en sable blanc. Devant les stores, le groupe posait. Adrian et Michael en première ligne, légèrement tassés, les mains sur les genoux, à la façon des All Blacks ; derrière, de dos, Graham et Max, droits comme des I, unissaient leur bras à la manière de deux duellistes. L’ensemble était censé donner une forme claire au centre, dessiné par le contour des corps des quatre gars. Une sorte de losange ésotérique, ou une sorte de cœur peut-être. Toujours est-il que, comme ...