La légende du cavalier noir
Datte: 12/08/2018,
Catégories:
alliance,
vengeance,
nonéro,
historique,
aventure,
contes,
Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe
... lumières de monsieur le marquis de Cessac.
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Pharamond entra dans la chambre du vieux comte et le trouva endormi dans son fauteuil. Il s’approcha de lui doucement et embrassa tendrement son noble front afin de le réveiller. Aldemar ouvrit les yeux et reconnut son fils bien-aimé. Ses yeux s’allumèrent, et Pharamond eut alors la confirmation que l’esprit que ce corps retenait prisonnier était toujours aussi vif.
— Ah, père… quel bonheur de vous voir. Je vous ai apporté votre repas. Mais permettez-moi un instant.
Il ouvrit la fenêtre et jeta au dehors l’infâme brouet qui se trouvait dans la gamelle qu’on avait préparée.
— Même nos chiens refuseraient d’avaler cela. Je vous ai apporté de quoi fêter votre anniversaire. Vous vous rappelez… Nous sommes le 18 mars, le jour de votre naissance.
Pharamond tira de sa poche quelques morceaux du coq au vin qui venait de lui être servi, et entreprit de l’écraser en même temps qu’une pomme de terre dérobée également. Cela prit quelques minutes, puis il arrosa le tout d’un peu de vin sorti d’un pichet qu’il avait emporté pour lui. Il commença à nourrir son père avec délicatesse, tout en prenant garde à ce qu’il ne s’étouffe pas avec une nourriture qu’il ne goûtait plus depuis longtemps.
— Père, vous souvient-il de ma jeunesse et du jeu auquel vous jouiez lorsque vous m’interrogiez sans parler ? Rappelez-vous… Lorsque je donnais une réponse qui vous déplaisait, vous détourniez votre regard. Et lorsque ...
... qu’elle recevait votre agrément, vous fixiez à nouveau vos yeux sur moi. Je vous propose de faire de même ce soir ; je crois avoir deviné bien des choses… Mais avant d’aller plus loin, je voudrais en être sûr. Êtes-vous d’accord ?
— (oui) répondit Aldemar en regardant son fils dans le fond des yeux et en souriant.
— Êtes-vous bien traité ?
— (non)
— La comtesse est-elle digne de confiance ?
— (non)
— Vous fait-elle du mal ?
— (oui)
— Cessac aussi ?
— (oui)
— Il est son amant ?
— (oui)
— Père, je vais vous emmener avec moi…
— (non)
— Comment ça, non ? Vous ne souhaitez pas que je me préoccupe de vous ?
— (non)
— Vous m’aimez ? dit Pharamond dans un sourire.
Aldemar tenta de détourner les yeux, mais n’y parvint pas.
— (oui)
— Vieux sacripant… Demain, vous serez chez moi.
Pharamond marcha un peu dans la pièce afin de calmer sa fureur et ses émotions, puis il revint à son père.
— Il y a bien des années, souvenez-vous, un cavalier noir faisait régner la terreur dans la région. Je devais avoir onze ou douze ans, n’est-ce pas.
— (oui)
— Il a horriblement massacré, dit-on, quelques nobles de la province.
— (oui)
— Mais ces nobles étaient des gens cruels, qui eux-mêmes maltraitaient leurs gens, m’aviez-vous dit un jour…
— (oui)
— Et vous aviez ajouté que si je continuais à filer un mauvais coton, le cavalier noir finirait par me rendre visite. Je me souviens que ce jour-là, je m’étais moqué de vous. Je vous avais dit qu’il s’agissait d’une légende que ...