1. La légende du cavalier noir


    Datte: 12/08/2018, Catégories: alliance, vengeance, nonéro, historique, aventure, contes, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    ... la luxure restait à jamais le péché le plus capital aux yeux du siècle – il ne mourut pas. Il se retrouva paralysé, incapable de marcher ou de parler… Hortense de Merville sembla en éprouver du dépit au commencement, mais elle comprit bien vite la jouissance perverse qu’elle pourrait trouver à cette situation nouvelle.
    
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    Le soir où commence cette histoire, nous la retrouvons dans sa chambre, entre les bras vigoureux de son nouvel amant, le marquis de Cessac.
    
    Ce dernier avait peu de science et peu d’esprit. Mais il était fort, en taille et en gueule, empli de toute la fatuité de la noblesse de robe, et avait la réputation d’être un amant acceptable. La comtesse et lui étaient nus dans la chambre bleu-nuit du château, elle assise sur le lit de sa nuit de noces, et lui debout, exhibant aux yeux de l’objet de ses désirs ardents, une anatomie que plus d’un aurait enviée.
    
    — Sommes-nous prêts, Madame ? dit le butor en faisant les cent pas devant la couche afin de masquer son impatience.
    — Presque, Marquis… Une dernière chose, avant de commencer.
    — Je vous écoute, Madame…
    — Ôtez donc ce drap blanc qui recouvre le fauteuil, là-bas…
    
    Cessac s’exécuta et ôta le drap d’un coup dans un geste théâtral. Il s’arrêta, saisi d’effroi et de stupeur.
    
    — Mais… qu’est-ce donc cela, Madame ?
    — Mon mari, Monsieur.
    — Le comte de Merville ?
    — Oui. Vous voyez à quoi le pauvre homme en est réduit.
    — Mon Dieu, Madame… Je compatis à votre douleur, et à la sienne. ...
    ... Mais la situation dans laquelle nous nous trouvons n’est-elle pas gênante ?
    — Marquis, mon mari ne peut plus ni parler, ni bouger, ni encore moins bander par conséquent.
    — Fichtre ! Le pauvre homme… J’imagine que la mort eût été préférable.
    — Mais je sais qu’il éprouve encore du plaisir à me voir faire l’amour ; et si cela vous agrée, Marquis, nous allons le laisser nous regarder, susurra la comtesse en commençant à se caresser.
    — C’est que, Madame, je ne sais pas…
    — Oui, je comprends, hélas ; vous n’êtes pas encore prêt à cela. Et moi, Marquis, je suis prête – et pressée – de vous sentir en moi. Ce n’est pas grave ; reposez donc le drap comme il était auparavant. Il se contentera d’écouter… Dans l’état où il se trouve, c’est déjà beaucoup d’émotion pour lui. Je ne voudrais pas que son cœur lâche : il semble que c’est le seul organe qui fonctionne encore un peu.
    
    Le drap fut alors reposé sur le pauvre homme, qui certes ne bougeait plus, ni ne bandait plus, mais dont l’ouïe était encore affûtée. Des larmes d’amertume commencèrent à couler sur ses joues qu’on ne rasait plus que rarement, mais dont les traces – il le savait – seraient scrutées avec délice par le démon qui lui servait de femme et l’avait désormais en son pouvoir.
    
    Aldemar de Merville fit alors un examen de conscience afin de se concentrer sur autre chose et tenter de ne plus entendre les cris et les gémissements qui résonnaient dans la pièce. On aurait eu bien du mal à imaginer, en regardant ce presque ...
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