Beautés rurales - Histoires de Sexe

Beautés rurales

... tire le diable par la queue !
— … (nouvelle envie de rire)
— Faites attention, vous, à l’attention d’Estelle. Avec un citoyen de son espèce, vous allez vous retrouver à la rue avec un polichinelle dans le tiroir…

Là, c’en était trop, je plongeai dans ma deudeuche pour récupérer mon baise-en-ville et dissimuler un spasme de rire. Penaud, j’établis un chèque sur le capot de la voiture et le tendit à Françoise.

— C’est ça, parce que les banques sont ouvertes le dimanche ! Et il mange quoi jusqu’à mardi, ton fils ?

Elle y allait un peu fort, Françoise, mais ça restait crédible, surtout pour la petite tête d’Estelle, interdite, pâle, les yeux écarquillés. Il lui fallait un certain temps pour comprendre, le temps que je vide mes poches du peu de liquide que j’avais sur moi pour le donner à Françoise, qui installait déjà son bébé dans la voiture. Elle s’écria soudain à l’intention de Françoise, la voix blême :

— Vous repassez en ville ?
— Oui, répondit l’autre, un brin surprise…
— Ça vous ennuie de me déposer ?
— Pas du tout, montez, on causera…

La voiture à peine disparue, Gégé sortit hilare de derrière la longère et me claqua la main, je lui claquai la sienne en retour.

— Je t’avais dit qu’elle est excellente, Françoise…
— Tu crois pas qu’elle va en rajouter un peu trop ?
— Nooonn… Fais-lui confiance.
— Je suis bien obligé.

Françoise revint une demi-heure plus tard, elle aussi rouge de rigolade. Nous bûmes un bon coup à la santé d’Estelle, j’étais ...

... malgré tout tracassé à la fois de passer pour un salaud et de faire de la peine à cette fille qui ne le méritait pas. Gégé me rassura, invoquant le fait que je venais d’échapper à la peine sévère d’un mariage non désiré et au fait d’être véritablement salaud quelques années plus tard, quand je serai profondément lassé d’elle et de sa cervelle d’oiseau. Il avait sûrement raison, mais quand même.

Le lendemain, je rentrai tard de tournée, un peu exprès pour avoir une explication avec Estelle, c’était la moindre des choses. Mais je trouvai boutique fermée, je n’étais plus attendu. Je me décidai à passer chez elle, pour au moins ne pas passer pour lâche. Elle ne fit qu’entrouvrir sa porte. Je la trouvai le visage boursouflé et les yeux rougis par des larmes et une nuit sûrement mauvaise. Son rêve s’était écroulé. Elle ne voulut rien entendre et souhaita que je la laisse tranquille, en dehors du boulot bien entendu.

Les quinze jours qui suivirent furent un peu difficiles, j’avais une petite boule à l’estomac à chaque fois que je rapportais mes commandes et donnais mes notes de frais. Mais c’étaient les quinze derniers jours dans cette boîte, une autre vie m’attendait.

Immigration

Je poussai alors mon périple vers le département voisin, que j’avais jusque-là un peu ignoré. Plus pauvre, réputé attardé, j’en avais malgré tout un bon quart à explorer et ça tombait bien, car j’avais besoin de m’éloigner de la maison mère. Je compris vite que j’avais fait une grave erreur en ...