1. Je ne suis pas lesbienne, mais... (8)


    Datte: 08/01/2022, Catégories: Lesbienne Auteur: airdepanache, Source: Xstory

    ... porte de Jean-Frédéric. Sans réfléchir, elle tape fort, puis elle tambourine carrément, en appelant "Noëlla ! Noëlla ! Ouvre-moi ! C’est moi, Patricia", d’une voix si forte qu’elle résonne dans tout l’immeuble.
    
    À l’intérieur, elle entend deux voix qui s’engueulent, un fracas dont la cause est difficile à situer, peut-être des chaises déplacées, puis elle voit le visage de lavette du locataire des lieux, le fameux Jean-Fred, qui se dessine dans l’embrasure de la porte. Il est en chemise et en caleçon, l’air très en rogne. "Quoi ?"
    
    Elle ne le calcule pas du tout. Elle cherche plutôt l’obscurité derrière lui, d’où elle voit apparaître - roulement de tambour dans sa poitrine - sa Noëlla. Oui, une bretelle fine pendouille encore d’une de ses épaules et son rouge à lèvres s’est étalé, mais elle porte toujours sa très mignonne robe en satin, dont ce minable n’a pas eu le temps de la débarrasser. Décélération dans sa machine à angoisse. Mais ça ne signifie pas que tout soit résolu. La jolie rousse qui fait battre son cœur a une expression fermée et les bras croisés.
    
    — Je te demande pardon, dit Patricia.
    
    Ce n’est accueilli que par un froncement de sourcils: "Pardon pour quoi ?"
    
    C’est là qu’il va falloir dire les mots justes. Pat sait que des moments qui suivent dépendent peut-être une bonne partie de son bonheur futur. Il s’agit de ne pas se rater. Et pour atteindre le cœur de cette fille, après tous les faux semblants qui se sont installés entre eux, elle ne voit ...
    ... pas d’autre issue que la sincérité.
    
    — Pardon de t’avoir blessée. Pardon d’avoir manqué de clairvoyance. Pardon de m’être menti à moi-même, de ne pas avoir compris qui j’étais ni ce que je voulais, de m’être laissé enchaîner dans une ancienne image de moi qui n’avait jamais été autre chose qu’une illusion. Pardon de t’avoir fait croire que tu n’étais pas ma priorité, que tu n’étais pas au cœur de ma vie et de mes pensées, alors qu’il n’y a que toi, à chaque instant. Pardon pour tout ce temps perdu. Tu es ma raison de vivre, Noëlla. Tu es mon papillon, mon idéal. Je te veux tous les jours à mes côtés, dans mon lit, dans ma vie. J’ai envie de construire un avenir avec toi. J’ai envie de toi, tout le temps, partout. Tu es mon ange, ma pute, mon soutien, mon amoureuse. Je t’aime Noëlla. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.
    
    À ces mots, le regard de la fille qu’elle aime éclot comme une rose. Lorsque Patricia achève sa déclaration, Noëlla fonce sur elle, courant presque, saisissant son beau visage entre ses mains et l’embrassant à pleine bouche, transfigurée par l’amour et une envie presque frénétique de libérer tout ce qui a été caché, d’exprimer en un geste ce qui a été tu.
    
    Les deux filles se mangent la face. Les lèvres coulissent en un bruit de ruisseau. Il y a de la voracité. Des dents qui s’entrechoquent. Des souffles qui s’alourdissent. Tellement de passion que Jean-Frédéric comprend qu’il est hors-jeu. Il n’existe plus. Tout ce qui est réel, ce sont ces deux bouches ...
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