1. Au pays des mille étangs


    Datte: 04/01/2022, Catégories: fh, campagne, Oral pénétratio, init, sf, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... expliquer le pourquoi, le rituel, la lutte pour la domination de la harde, les combats. Je me suis donc rapproché tout contre elle et je lui chuchote tout cela à l’oreille. Très naturellement, comme si elle voulait synchroniser ses mouvements avec les miens de façon à rester à mon écoute, elle passe un bras autour de ma taille, j’en profite pour en faire autant. Délicieux ! Ses formes sont encore plus agréables à toucher qu’à regarder, et cette combinaison « latex » paraît si fine que j’ai l’impression de toucher sa peau en direct.
    
    — C’est fantastique, me dit-elle si fort que j’en sursaute. L’expression primordiale de la perpétuation de l’espèce, l’essence même de la vie qui devient éternelle même si les individus meurent.
    
    C’est ça, Madame, t’as tout compris. Mais maintenant j’en suis sûr, tellement je suis près de ta bouche, tu n’as pas parlé, tes mots ont résonné dans ma tête. J’allais poursuivre ma réflexion et l’interroger sur ce phénomène lorsqu’elle me force à me courber puis à m’accroupir pour me montrer, par-dessous une branche, deux silhouettes à une trentaine de mètres qui se détachent sur un fond de légère brume bleutée, très lumineuse, sans doute éclairée par la lune. Depuis des années que je viens ici, je n’ai jamais observé ce phénomène. Les deux cerfs, têtes penchées vers le sol, commencent à gratter du sabot, se redressent pour réer chacun leur tour puis d’un coup se jettent l’un contre l’autre dans un fracas de bois mêlés. Ils dérapent d’un côté ...
    ... puis de l’autre, leurs ramures toujours emmêlées, donnant l’impression de ne jamais pouvoir se séparer. Plus mes yeux les observent plus je les vois distinctement. Soudain, ils se dressent sur les pattes arrières, se provocant comme des lutteurs et retombent dans le fracas de leurs bois. Un seul coup de ces andouillers aigus, et l’un ou l’autre serait gravement blessé. Mais non, le combat se poursuit. Mais au fil du temps, l’un d’eux semble faiblir. Il tente de rester immobile sur ses pattes largement écartées, mais l’autre pousse de toute sa puissance en pivotant la tête d’un côté puis de l’autre. Son adversaire ne recule pas, il glisse sur ses pattes raidies, il ne fait pas le poids. Ils restent encore quelques instants liés par les ramures, puis le plus faible penche le museau jusqu’au sol et fait prestement demi-tour, s’enfonçant entre les troncs. Alors le vainqueur s’aligne sur l’allée et pousse un brame de triomphe incroyablement puissant. Il commence alors à avancer vers nous. Je murmure :
    
    — Filons, ça peut-être dangereux.
    
    Elle resta collée à moi alors que nous nous éloignions à grands pas. J’ai jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule, pour savoir si le cerf ne nous poursuivait pas. Mais je ne pouvais plus rien voir, cette brume luminescente avait soudainement disparu. Quand nous approchâmes de ma voiture, la lueur crue qui enrobait la ferme avait également disparu, comme le bruit.
    
    — J’ai adoré ce moment de l’éternité animale que vous m’avez offert. Merci ...
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