Madame l'Ambassadrice - Histoires de Sexe

Madame l'Ambassadrice

... dépense en moyenne 1500 dollars pour ses vacances. Sans prétendre aux 85 millions de touristes en France, n’en aurions-nous qu’un million ce serait déjà un revenu d’un milliard et demi… Pour un PIB de deux milliards et demi, ça compte ! Et au moins deux à trois mille emplois pour accueillir tout ce monde-là.
— Madame l’Ambassadrice, reprit le président, vous m’ouvrez là des perspectives nouvelles et fort intéressantes. Il est vrai que ce pauvre pays est sorti de la colonisation pour tomber dans une guerre, puis est sorti de la guerre pour tomber sous le joug d’un dictateur. Je n’ai vu jusqu’alors que deux choses : pauvreté et misère. 90 dollars, c’est le salaire moyen en Érythrée… Qui peut vivre aujourd’hui avec trois dollars par jour ? Mon devoir est de tout améliorer, et je n’ai vu que l’existant. Mais vous découvrez ce pays avec des yeux neufs, qui n’ont rien connu de ce passé troublé, et vous apportez des solutions nouvelles, des pistes inexplorées. Je vous en remercie. Maintenant, le tourisme est un domaine qui relève avant tout du privé, non ? Est-ce que cela concerne l’État ?
— Pour partie, oui. Tout ce qui lui rapporte le concerne ; précisa le ministre de l’Économie et des Finances.
— Alors, créons un secrétariat d’État chargé du tourisme qui vous sera rattaché, Monsieur le Ministre.
— Excellente idée, approuva Fleur. Les Français étant parmi les meilleurs dans ce domaine, je connais plusieurs personnes qui pourraient s’y intéresser et apporter leur savoir-faire. ...

... À qui appartiennent ces beaux bâtiments, vestiges de la colonisation ?
— Aux communes pour la plupart, qui ne savent qu’en faire n’ayant pas les moyens de les restaurer.
— Sauf le palais de l’empereur qui appartient à l’état.
— Vous imaginez, Messieurs, l’hôtel « Hailé Sélassié » à Asmara ?
— Ha-ha-ha ! C’est à peu près comme faire un cinq étoiles avec le palais de l’Élysée !
— Mais j’y pense vraiment : monter une société immobilière, lever des fonds en Europe, réhabiliter tous ces lieux magiques, en faire des hôtels et des restaurants, construire des stations balnéaires ex nihilo sur le bord de la mer rouge…
— J’ai vraiment bien fait de vous faire venir, ma chère Fleur. Restez un instant pour que nous en parlions, voulez-vous ? Messieurs, je vous dis à demain, qui sera un autre jour.

Il trouvait vraiment cette femme épatante, et elle le faisait bander comme un bouc. Les retrouvailles furent scellées dans la chambre présidentielle, assez moche et prétentieuse, une chambre de dictateur… Fleur ne regagna l’ambassade qu’au petit matin, avec cette extraordinaire sensation de liberté qu’apporte de n’avoir aucun compte à rendre à personne.

Pour une femme impatiente et pressée comme Fleur De Ricin, le parcours fut long et difficile. Il fallut trouver des partenaires financiers, ce qui fut facilité par un accord de défiscalisation passé entre les deux présidents français et érythréen. Mais il fallut aussi convaincre tous les édiles locaux d’entrer dans cette société en y ...