Madame l'Ambassadrice - Histoires de Sexe

Madame l'Ambassadrice

... que nous devons faire de toutes nos forces, c’est l’aider dans cette direction.
— Je suis pleinement en accord avec vous, Madame, et permettez-moi de vous dire que c’est bonheur d’entendre vos propos. Je suis Français, mais totalement amoureux de ce pays merveilleux.
— Savez-vous si le tourisme est développé ?
— Bien sûr que non. Entre des décennies de guerre et d’autres de dictature, tout est à faire.
— Je crois que je vais m’investir dans ce domaine…
— Excellente idée, Madame, si je puis me permettre.

Un message arriva enfin pour convier Madame De Ricin à dîner avec le président, vers vingt heures au palais. Ils rentrèrent donc à l’ambassade, rue Nakfa, la bien-nommée, puisque c’est également le nom de la monnaie locale, le Nakfa. Elle se prépara sobrement pour ces retrouvailles, string ficelle et balconnet rouges, escarpins et ceinture rouges, petite robe de coton blanc vite posée. Hélas, mauvaise surprise pour celle qui croyait à l’intimité d’un dîner en amoureux, c’était presque un repas de travail avec quelques ministres, l’occasion de faire connaissance. On s’exprima en anglais.

— Messieurs, voici la personne qui a pris soin de moi durant mon exil en France. J’ai à peine insisté auprès du président français pour qu’elle soit nommée ambassadrice. Madame, voici le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Économie et des Finances.

Le dîner servi était un plat local d’Érythrée, l’injera, des ...

... sortes de crêpes que l’on mange avec différents ragoûts, de bœuf, d’agneau, de poulet et de fèves. Le tout est servi avec du café, fort et sucré ou, pour les non-musulmans, de la bière locale. C’est bon, mais très épicé. La discussion allait bon train sur les axes de développement du pays.

— Je m’en fous, disait M’Blabla, d’acheter des panneaux solaires à la Chine, du moment qu’ils ne sont pas chers et qu’ils fonctionnent. Je veux que chaque village ait sa centrale. Comprenez-moi, c’est un cercle vertueux : s’il y a de l’électricité, les gamins pourront apprendre chez eux le soir, les adultes pourront regarder la télévision et feront moins d’enfants. Actuellement notre démographie est galopante, surtout depuis la fin de la guerre. Et nous n’aurons jamais assez d’emplois pour tous. Ce qui crée des insatisfaits et ensuite des révoltes.
— Monsieur le Président, se permit Fleur, il y a un secteur de l’économie dont je ne vous ai jamais entendu parler, et cependant vous m’avez vanté la beauté de votre pays, ce à quoi j’adhère pleinement. C’est le tourisme. En France, ce secteur rapporte plus de 150 milliards d’euros soit plus de 7% du PIB, et emploie plus d’un million de personnes. Alors certes, la France reste la France, je ne dirais pas le contraire. Mais avec des kilomètres de côte sur la mer rouge, le soleil et des merveilles à visiter, il y aurait certainement quelque chose à fouiller de ce côté.
— C’est vrai, Madame a raison. Renchérit le ministre des Finances. Un touriste ...